La musique pop vit un de ses pics historiques où s’enchaînent les heures de gloire. Cette énième apogée est l’œuvre de Taylor Swift dont le dernier album a crevé le plafond en s’affirmant comme l’album le plus écouté dans un intervalle de 24h sur les plateformes légales de streaming. Coutumière de telles victoires sur la conquête des oreilles humaines, la chanteuse a su traiter et exprimer les grands tourments du cœur de l’homme, où se niche cette sensibilité qui se laisse happer par les paroles et les mélodies de l’artiste, véritables baumes qui ne cessent de prouver la véracité intemporelle du fameux dicton: “la musique adoucit les mœurs.”
Avec ce nouvel opus, Taylor Swift a confirmé son assise incontestable sur un public déjà conquis par des œuvres qui continuent de parler aux sentiments. À l’instar de ceux qui ont eu un sursaut existentialiste, et ont pris leur vie en main après avoir subi un effet électrochoc consécutif au contact de l’esprit avec des chansons comme “The Archer” ou “Clean”, auxquelles s’ajoute, avec une dose de féminisme, “Mad Woman”. Mais l’ingrédient imparable reste l’amour, surtout dans sa dimension tragique dont l’ombre est présente dans des morceaux comme “All Too Well”, un cri de désespoir inspiré par la rupture , un élan universel qui nous rappelle, entre autres, Didon abandonnée par Énée dans l’Énéide de Virgile.
Et cette recette a été reprise dans cet album phénomène. Ainsi ne cessent de se confirmer les idées de Nietzsche qui a conceptualisé la capacité de l’art à métamorphoser les côtés sombres de l’existence, niés autant que possible dans une dénégation apollinienne qui ne veut voir que l’ordre et la stabilité, en sources d’expériences esthétiques. Les douleurs de la rupture, thème central de cet album événement, se transforment en sources de délectation pour ceux qui écoutent les principaux morceaux comme “Fortnight”, “So Long, London”, ou “Florida !!!”où sont sublimées les blessures que l’amour peut infliger, procurant le besoin humain de catharsis, ce phénomène spirituel diagnostiqué par Aristote que la vertu curative de l’art peut procurer.
C’est ainsi que Taylor Swift nous offre une énième occasion de manifester notre inestimable reconnaissance à la musique, de la remercier d’exister pour nous prodiguer ses précieuses vertus, ses pouvoirs salvateurs qui peuvent nous donner les armes qui allègent notre traversée de la vie. Et on peut toujours compter sur elle qui répond constamment présente quand on l’appelle pour être, selon William Shakespeare, “l’aliment de l’amour”.
Fenitra Ratefiarivony