Une utopie. Rêver d’une majorité à l’Assemblée nationale alors qu’on ne couvre pas toutes les circonscriptions électorales. Une véritable démagogie de l’opposition qui prétend continuer son combat au niveau du Parlement. Comment peut-on y parvenir lorsque l’opposition ne compte en tout et pour tout que quatre-vingt-quatre candidats sur un total de quatre cent soixante-treize? Cela fait juste la moitié des sièges à pourvoir (cent soixante-trois) à Tsimbazaza. Il n’est même pas sûr que tous ces candidats se fassent élire là où ils se présentent. Bien évidemment, il y a également beaucoup de candidats indépendants mais cette catégorie rassemble les frustrés des deux camps, ceux qui ont été éliminés lors du casting. Il ne faut donc pas compter sur eux pour compléter l’effectif.
Il est donc bien clair que la motivation de la plupart des candidats est de décrocher un strapontin à Tsimbazaza pour mettre du beurre dans les épinards. C’est d’autant plus vrai qu’il est aberrant de se présenter aux législatives après avoir boycotté la présidentielle et contesté les institutions électorales alors que rien n’a changé de ce côté.
Le mandat précédent a montré que les députés de l’opposition n’ont pas pesé lourd à Tsimbazaza. Avec seize députés TIM, leur présence était symbolique. Ce sera encore assurément le cas. La situation risque même de se compliquer pour l’opposition devenue peu crédible avec l’augmentation du nombre de sièges.
Le rôle d’un député perd de plus en plus son sens. Un constat qui se vérifie dans la pré-campagne où les candidats n’ont d’autres choses à proposer que la charité et la compassion. Face à un électorat noyé dans une pauvreté physique, morale et mentale, cette recette marche immanquablement. Pour beaucoup, il s’agit d’éviter une traversée du désert politique pour ne pas tomber dans une pauvreté aussi chronique que celle des électeurs. Le statut de député offre toujours une situation financière confortable qu’on soit de l’opposition ou de la majorité. Et comme depuis plusieurs années, les députés sont devenus des fonctionnaires sans aucune obligation de présence aux sessions, il faut dire qu’il s’agit d’un poste en or. Lors du mandat en cours qui expire en juillet, certains députés n’ont jamais été vus à Tsimbazaza. Mais ils se présentent de nouveau. Un manque total de respect aux électeurs et aux contribuables. Il n’y a aucune assurance que cette situation va changer quelle que soit la majorité. Mais bon...
Sylvain Ranjalahy