Bas quartiers, haut risque

Il s’en est fallu d’un cheveu pour que des collègues tombent dans la nasse des détrousseurs hier à Namontana. Alors que des techniciens allaient rentrer chez eux à deux heures du matin dans les dédales de Namontana, des bandits les ont pris en filature. Armés de couteaux et de sabres, ils ont tenté d’ouvrir une portière sans succès. Ils ont alors donné des coups à la voiture avec le sabre sans faire de dégâts. Les deux occupants de la voiture l’ont échappé belle en accélérant dans une rue cahoteuse débouchant à Anosibe. Ils ont fait appel à des policiers en patrouille et sont revenus à la case départ où les bandits étaient encore réunis. Ils ont pris la poudre d’escampette en apercevant les éléments des Forces de sécurité.

Voilà une illustration de l’insécurité qui règne dans la capitale. Namontana fait certainement partie des quartiers où il ne faut pas mettre les pieds de jour comme de nuit, mais ce n’est pas mieux ailleurs. Quels que soient l’heure et l’endroit, les bandits sont là pour guetter leurs proies. La criminalité est telle que les temples figurent désormais parmi les cibles préférées des malfrats de plus en plus audacieux.

Rentrer la nuit est devenu un rendez-vous à haut risque au bout duquel on n’est jamais sûr de pouvoir rentrer à la maison. Il est impossible de mettre un policier à chaque ruelle pour assurer la sécurité de la population. D’ailleurs, la répression policière est nécessaire mais pas suffisante pour combattre l’insécurité. Comme la pauvreté est la manne nourricière de la criminalité, il est difficile d’espérer une réduction des crimes sans une amélioration des conditions sociales dans lesquelles se trouvent les bas quartiers.

Or, l’écart social se creuse d’un jour à l’autre. La Banque mondiale estime que 81 % de la population est pauvre. Quand on sait que la région Analamanga est la moins pauvre avec un taux de pauvreté de 56 %, toujours selon la Banque mondiale, on peut avoir une idée de la situation qui prévaut dans les autres régions. Androy affiche en revanche le plus fort taux de pauvreté avec 95 %, suivi de Vatovavy Fitovinany, 92 %. On comprend donc pourquoi les Dahalo ne peuvent pas être éradiqués dans le Sud malgré l’importance des moyens déployés.

Le combat s’annonce de longue haleine et à l’allure où s’aggrave la pauvreté, d’autres quartiers risquent d’emboîter le pas à Namontana. Pire, tous les quartiers pourraient être nivelés par le bas. On ne demande qu’à se tromper.

Sylvain Ranjalahy 

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