La famille du paysan qui a été tué par balle par les dahalo. |
Un groupe criminel a abattu deux personnes dans la commune de Marovazaha, Anjozorobe. Un enseignant, sa belle-sœur et la fille de l’un des défunts ont été enlevés.
La mort frappe à la porte. C’est ce qui se passe littéralement dans le district d’Anjozorobe. Lundi soir, des dahalo se sont présentés chez un paysan à Fieferana, dans la commune de Marovazaha, et ont tiré une balle dans son œil droit.
Revenons sur ce qui s’est produit juste avant ce meurtre odieux. Il était 20 heures, une vingtaine de malfaiteurs armés ont débarqué dans le petit village de Fieferana, habité par environ deux cents personnes. Un déluge de tirs en l’air figeait le sang dans les veines. Les gens restaient bien enfermés chez eux.
Les assaillants se sont approchés d’une maison où se trouve un couple de commerçants ambulants. Le couple vit à Antananarivo et rejoint Fieferana chaque mardi pour ses activités. Les scélérats connaissent sûrement son mode de vie. Ils ont capturé la femme tandis que le mari a réussi à s’échapper.
Les bandits ont emmené la femme afin qu’elle les guide vers la prochaine maison. Les occupants ont refusé de leur ouvrir. Ils ont mis quelques minutes pour parvenir à défoncer la porte. Sans crier gare, ils ont fusillé le chef de famille et ont enlevé sa fille aînée, âgée de 13 ans. Ensuite, ils sont tombés sur une troisième maison, où un enseignant Fram (recruté et payé par les parents d’élèves) est installé au rez-de-chaussée et sa belle-sœur, vendeuse de « mofo gasy » ou petits pains de riz malgaches, et de café, à l’étage. Les deux, âgés de 32 ans, ont été également enlevés.
Mobiles des rapts
La bande n’a trouvé personne dans le foyer suivant. Elle s’est finalement dirigée vers la maison d’un ancien chef du fokontany et l’a kidnappé. Cet homme a eu la chance de se libérer pendant qu’ils marchaient. « Il y a quatre ans, il avait déjà été attaqué, dépouillé de ses biens et sa maison incendiée», note une source civile, témoin oculaire de ce nouveau crime.
Les ravisseurs ont voulu se rendre à un autre hameau quand trois gendarmes du poste fixe local sont intervenus. Les militaires du Détachement Spécial de Sécurité étaient introuvables au moment des faits et toute la nuit, d’après les témoignages.
Les gendarmes et les criminels ont échangé des coups de feu dès qu’ils se sont retrouvés nez-à-nez au niveau d’une pente. L’affrontement a duré trois heures. Les kidnappeurs ont battu en retraite et tué l’une des quatre otages, précisément la commerçante ambulante. Son corps sans vie a été abandonné en pleine rue.
« Nous avons remarqué qu’elle avait du mal à suivre les autres. Elle est un peu corpulente. Pourtant, leurs bourreaux les ont emmenés traverser des rizières et gravir une pente», décrit notre informateur.
« Il reste donc trois otages. Ce matin (hier), au moins douze militaires sont arrivés au village», enchaîne-t-il.
Selon d’autres renseignements, cinq des assaillants étaient armés. Deux portaient chacun un MAS 36, un tenait une kalachnikov et les deux autres se servaient de pistolets de fabrication locale. La majorité de ces kidnappeurs vit dans le même district.
« Quelques-uns seulement sont des étrangers. Même s’ils opèrent à visage découvert, personne ne les reconnaît. En général, les mobiles des précédents rapts reposaient sur des problèmes sociaux, sur des rancunes entre voisins. Les otages ne sont pas censés être des personnes riches. Que possède un enseignant Fram? Sa belle-sœur ? La fille qui a perdu son père ? Leurs familles ne disposent pas de quelques millions d’ariary pour les sauver. Des rizières à vendre? Ils n’en ont pas », se lamente le voisinage.
Les gendarmes ont signalé qu’ils continuaient l’opération de poursuite. À titre de rappel, le 24 mars dernier, deux personnes ont également été assassinées et trois autres enlevées dans un autre village du même district. Vingt-trois jours se sont écoulés, mais le sort de ces prisonniers reste incertain.
Hajatiana Léonard