SOCIÉTÉ - Le viol et l’inceste restent tabous

Cédric Ranjalahy, lors de l’atelier de présentation de recherche, samedi dernier.

Le tabou persistant autour du viol et de l’inceste dans le pays pousse Cédric Ranjalahy et d’autres chercheurs à agir, révélant des réalités troublantes lors d’un atelier de restitution.

Changer les choses », tel est le premier motif pour Cédric Ranjalahy, un étudiant chercheur, l’un des cinq lauréats qui ont participé à la présentation de leurs recherches lors d’un atelier de restitution sur la culture du viol et de l’inceste à Madagascar, tenu au Radisson Blu Ambodivona le samedi 23 mars. À cette occasion, cinq lauréats ont présenté les résultats de leurs recherches. En fait, ces gagnants ont obtenu des bourses de recherche sur l’étude du viol et de l’inceste à Madagascar, initiées par le mouvement Nifin’Akanga. Ces bénéficiaires sont des universitaires multidisciplinaires et des journalistes d’investigation.

Le jeune Cédric Ranjalahy se focalise sur le thème « Exploration de la culture du viol lors des séances de bizutage : cas des instituts supérieurs malgaches. » Les bizutages, dont on parle peu, sont pourtant des lieux où se présentent des cultures de viol. « Pour cette étude, j’ai dû m’infiltrer dans un institut supérieur pour recueillir des données et mener des enquêtes. La recherche a duré quatre mois, d’octobre à janvier. Le mois d’octobre a été consacré à la revue bibliographique et à la préparation de la méthodologie. En novembre et en décembre, des séances d’entretien et des descentes au sein de l’université ont été réalisées», a souligné l’étudiant chercheur. 

Culture du silence

Des victimes ont témoigné que lors des bizutages, les nouveaux étudiants subissent tellement d’intimidations et de traumatismes. Les yeux des jeunes filles cadettes sont bandés et là, les aînés en profitent pour commettre des actes ignobles tels que des attouchements sexuels. Mais ces dernières se taisent car elles ne savent pas à qui se confier. Et même les directions se moquent de ces réclamations. Du coup, la culture du silence s’installe. Selon Mbolatiana Raveloarimisa, présidente du mouvement Nifin’Akanga : « Le cas de viol et d’inceste ne cesse de croître tous les jours. C’est pour cette raison que l’on a organisé cet atelier pour présenter les causes ainsi que les solutions apportées afin d’éradiquer ces phénomènes. »

« Les solutions apportées pour lutter contre le viol et l’inceste ne se basent pas simplement sur les faits rencontrés au quotidien. Les chercheurs se focalisent sur des bases scientifiques. La recherche vise également à aider les victimes et ne se limite pas seulement à la punition des violeurs. Il s’agit également de trouver comment prendre en charge les victimes. J’incite tout le monde à mener ce combat ensemble. La solution trouvée par les chercheurs est la prévention », selon le Professeur Lova Randriatavy, enseignant chercheur au sein de l’université d’Antananarivo.

Le mouvement Nifin’Akanga a mené en 2022 une étude nationale sur les cas de viol et d’inceste. Sur un échantillon de quatre cent soixante femmes, 68 % ont été victimes de violence sexuelle, dont 25 % par leur partenaire, 17,5 % ont été victimes d’attouchements ayant abouti à des actes de viol ou d’agression et 14 % ont été victimes d’inceste.

Mialisoa Ida

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