INFRASTRUCTURE ROUTIÈRE - La Route nationale numéro 2 délabrée

Poids lourds, tout-terrain ou voitures légères, tous les véhicules doivent rouler au pas pour traverser les trous.

Il faut compter dix heures, en moyenne, pour boucler les quelque 350 kilomètres qui relient Antananarivo à Toamasina. Voyager sur la RN2 est devenu un parcours du combattant. 

Des portions de route sont gravillonneuses et poussiéreuses, d’autres sont boueuses et glissantes. Le mauvais temps, conjugué aux va-et-vient incessants des poids lourds, met terriblement à mal la RN2. Sur plusieurs points, plusieurs centaines de mètres d’asphalte ont laissé place à de la terre. Triturée par les géants des routes, la terre se transforme soit en boue glissante, soit en d’énormes trous. Les nids de poule ne sont pas en reste.

Sur certaines parties, des trous béants peuvent se remplir d’eau, qui se transforme ensuite en boue au moment des fortes pluies. Autant pour les conducteurs que pour les passagers, et qu’importe le type de véhicule, les huit, dix, voire douze heures de route sont éprouvantes. Ce temps peut être encore plus long en cas d’éventuelles pannes, de roues crevées ou de jantes cabossées. Les 350 kilomètres de route sont encore plus harassants pour les conducteurs de poids lourds, incontournables sur la RN2.

Pour les tracteurs de conteneurs, il faut compter jusqu’à deux jours pour un seul voyage entre Antananarivo et Toamasina actuellement. La durée du voyage sur la RN2 peut encore être rallongée en cas d’accident. Souvent, les poids lourds sont impliqués dans ces événements malheureux. Mais le mauvais état de la route augmente encore plus le risque. Certains conducteurs, imprudents, ne voulant pas casser l’allure de leur véhicule, préfèrent esquiver les trous en plein virage, ce qui augmente le risque de collision frontale avec les véhicules arrivant en face.

Enjeux économiques

Les sorties de route, parfois dramatiques, des véhicules couchés sur le côté, ou les quatre roues en l’air deviennent de plus en plus fréquentes également. Des scénarios causés par la chaussée boueuse et glissante parfois. Des scènes qui peuvent bloquer la circulation. Être coincé dans un bouchon en pleine RN2 n’est plus une surprise. En plus d’être en mauvais état, cette route n’est plus taillée pour les poids lourds qui l’empruntent quotidiennement et 24 heures sur 24.

Les enjeux socio-économiques qu’ils portent sont, cependant, parmi les causes du mauvais état de la RN2. À lui seul, le port de Toamasina absorbe jusqu’à 80% du fret maritime malgache. Les marchandises venant de tout Madagascar, allant vers le Grand port, transitent par Antananarivo. Ceux qui vont dans le sens contraire, c’est-à-dire, qui partent du port de Toamasina, pour être dispatchés dans tout le pays, passent eux-aussi par la capitale. Tout cet aller et retour est concentré sur la RN2, la seule route qui fait la jonction entre les deux villes.

Il s’agit de la principale voie économique du territoire. La situation géographique de la route fait que sur la majeure partie, il est difficile de trouver où tracer une déviation. Pourtant, décider de couper la circulation pour sa réhabilitation équivaudrait à imposer une apnée à l’économie nationale. En conséquence, le goudron ou le béton à peine coulé est broyé par les poids lourds. Le non-respect des normes de bitumage, souvent dénoncé par le président de la République lui-même, amenuise sa résistance aux intempéries et à la circulation des camions.

La construction de l’autoroute Antananarivo - Toamasina, en cours, est la solution à long terme et durable avancée par l’État. Les poids lourds qui vont et viennent entre la capitale et la ville du Grand port sont effectivement taillés pour les autoroutes et les larges voies. Seulement, d’ici la fin du chantier, il faudra faire avec la RN2. Étant donné sa portée économique, sa réhabilitation s’impose.

Garry Fabrice Ranaivoson

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