C’est la goutte qui fait déborder le vase. Un hôpital manque d’eau. C’est juste le comble. On peut tout accepter sauf cette situation qui dépasse l’entendement. On le sait, les hôpitaux publics manquent de tout sauf les médecins, mais en arriver là, on n’en croit pas ses yeux. Comment peut-on admettre cette carence ? Autant une coupure d’électricité peut mettre fin à la vie d’un patient sous oxygène, autant le manque d’eau peut causer toutes sortes de problème aussi bien pour le malade que pour ses gardes.
Si on avait dit que c’est ça être indépendant, beaucoup auraient voté pour la dépendance avec la puissance coloniale. Eh oui, on peut tout dire sur la colonisation, mais durant cette période jusqu’à la fin de la première République, on n’a jamais vécu une telle galère.
Un hôpital sans eau, c’est comme une voiture sans ses pneus. Et on cherche des solutions du Moyen Âge pour réparer cette négligence. Est-ce qu’il n’y a pas assez de budget pour équiper les hôpitaux publics de tout ce qu’il faut pour qu’il n’y ait aucune coupure d’eau et d’électricité même pour une seconde. D’ailleurs, il est inutile de ressasser une telle disposition puisqu’il est bien clair et tout le monde sait que l’eau c’est la vie.
Si les responsables ne trouvent que des solutions de fortune même à court terme, cela signifie qu’ils ne sont pas à leur place. Un hôpital doit être approvisionné en eau et en électricité à tout moment. Qui plus est, un grand hôpital de référence de la capitale. Avec des médecins militaires français, un tel drame ne se serait pas passé facilement.
La situation des hôpitaux publics n’a cessé de dégringoler d’une république à l’autre. Seule la présence de médecins les différencie d’une prison. À en juger les photos d’un célèbre détenu publiées sur les réseaux sociaux, on peut dire qu’une nouvelle prison est mieux équipée que les hôpitaux publics. Une catastrophe.
S’il fallait faire une opération coup de poing, c’est sans nul doute la situation dans les établissements hospitaliers publics. On peut priver toute la ville, voire tout le pays, d’eau mais non pas les hôpitaux. Si on n’est pas capable d’imposer une telle mesure à la société qui fournit l’eau, l’État n’a plus aucun sens. Et si on laisse cette situation perdurer, même les morts ne pourront plus prendre un bain. Si ce n’est déjà le cas. Ce n’est pas très bon de sentir la crasse face à Saint-Pierre.
Sylvain Ranjalahy