Mokthar Benlamine et Frédéric Lambert, les yeux du FMI à Madagascar. |
La mission de révue du Fonds monétaire international (FMI) a rencontré l’équipe du ministère de l’Énergie et des hydrocarbures. Les sujets brûlants du redressement de la Jirama et des prix à la pompe de carburant figuraient inévitablement à l’ordre du jour.
Tout sauf une surprise. Les émissaires du Fonds monétaire international, FMI, avec à leur tête Fréderic Lambert, ont évoqué deux sujets « inflammables » avec les techniciens du ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, MEH. Les discussions entre les deux parties ont tourné autour de la gestion toujours délicate de la Jirama, l’électrification rurale et le secteur pétrolier aval. Deux volets à trois thèmes interdépendants. Par le lourd passif, l’écart par litre vendu entre les prix réels et affichés du carburant, que l’État doit aux pétroliers, s’ajoutent les dettes tout aussi imposantes de la Jirama envers ces mêmes pétroliers. S’y intercale cette volonté de développer un réseau d’électrification à travers le pays par le recours aux panneaux solaires et autres sources renouvelables. La fameuse théorie de la transition énergétique pour faire du pays des villes de lumières.
Le sauvetage financier de la Jirama et les prix « sociaux » du carburant selon les analyses pointues du FMI, constituent des risques budgétaires élevés pour Madagascar. Il est proposé de revenir à la vérité des prix à la pompe et prévoir des mesures y afférentes pour amortir le choc pétrolier à venir. Au lieu d’engraisser les pétroliers par au moins 300 milliards d’ariary.
Mesures
Comme piqures de rappel, parmi les mesures préalables et les repères structurels de la Facilité élargie de crédit de décembre 2022 au mois de mars, « l’État devait, entre autres, déjà finaliser et approuver vers la fin de 2022 le nouveau business plan de la Jirama. Les autorités malgaches se sont aussi engagées à installer des compteurs prépayés d’électricité dans toutes les administrations publiques à la fin du mois de décembre de 2023. L’État s’est aussi engagé à mettre en œuvre un mécanisme automatique de fixation des prix du carburants, avant le mois de mars 2024 ».
Il reste aussi à juguler cette envolée inflationniste latente. Les décisions du Comité monétaire de la Banque centrale dans le courant de cette semaine seront suivies avec intérêt par le milieu économique et financier. Les dernières en date, le 7 novembre, ont déduit que lors de sa réunion trimestrielle de revue de la politique monétaire tenue ce jour, le Comité monétaire de la Banky Foiben’i Madagasikara (BFM) a décidé de maintenir les taux des facilités permanentes à leur niveau actuel : le taux des facilités de dépôt à 9,00% ; et le taux des facilités de prêt marginal à 11,00%. Les mesures restrictives de politique monétaire prises par BFM au cours des précédents trimestres ont commencé à avoir leurs impacts sur l’évolution des prix. L’inflation a considérablement ralenti ces derniers mois et BFM prévoit encore une poursuite de sa décélération.
Toutefois, le contexte actuel ne milite pas en faveur d’un assouplissement des conditions monétaires. Au niveau national, l’inflation demeure à un niveau élevé. Sur le plan international, les incertitudes en relation avec les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient pourraient encore avoir des incidences sur les prix locaux. Les prochains mois seront donc consacrés à l’observation et à l’évaluation des effets des dispositions de politique monétaire précédemment mises en œuvre. BFM considère ainsi qu’il n’est pas encore opportun de relâcher les efforts menés, depuis le mois d’août 2021, pour assurer la stabilisation de l’ariary et ramener l’inflation à son niveau avant la crise de Covid-19. L’Institution reste vigilante quant aux éventuels changements dans les facteurs pouvant influencer les prix et ajustera ses instruments en cas de déviation importante par rapport aux prévisions .
Dans tous les cas de figure, les prochaines recommandations du FMI devraient déboucher sur quelques retouches de l’actuelle Loi des finances.
Eric Ranjalahy