L'Armée au service de l'enseignement

Le général Ramanantsoa avec un réserviste du Service civique.

À Paris en 1973, des négociations serrées se poursuivent entre Malgaches et Français, en vue de parvenir à de nouveaux accords de coopération fondés sur des bases nouvelles. Sans attendre les résultats des pourparlers, le gouvernement du général de division Gabriel Ramanantsoa prend d'importantes mesures qui intéressent les domaines précis de la défense et de l'enseignement.

La loi du 6 décembre 1968, dans son article premier, définit l'objet de la « défense nationale » qui est « d'assurer, en toutes circonstances et contre toutes les formes d'agression, la sécurité et l'intégrité territoriale ainsi que la vie de la population, dont elle tend à développer la capacité matérielle, intellectuelle et morale de résistance ». Le chef du gouvernement, le général Gabriel Ramanantsoa, également chargé du ministère de la Défense, signe trois textes allant dans ce sens.

Les deux premiers, les arrêtés du 10 janvier 1973, portent création de nouvelles unités dans la Gendarmerie nationale ainsi que dans l'Armée de terre, de l'air et de mer. Ainsi, depuis le 1er février, deux escadrons portés sont créés au sein de la Gendarmerie, tandis qu'une compagnie motorisée, une 

compagnie de fusiliers marins et une compagnie de parachutistes sont organisées dans l'Armée. Quant à l'arrêté du 11 janvier 1973, il précise qu'il sera procédé « au rappel individuel sous les drapeaux de réservistes qui ont accompli les obligations du Service national ». 

Le général de brigade Philibert Ramarolahy, chef de l'État-major général de la Défense nationale et des Forces armées, explique ce dernier texte. « La mobilisation partielle ainsi décidée a pour principale raison le souci de réaliser le plan, déjà arrêté auparavant et visant à développer les Forces armées. Dès que la formation des recrues appelées à prendre la relève des réservistes aura été assurée, ces derniers seront renvoyés dans leurs foyers. » Le directeur du Service national et du recrutement complète son explication en indiquant que le rappel individuel concerne les réservistes de moins de 36 ans.

Déjà le 27 mai 1972, en présentant sa nouvelle équipe gouvernementale, le général Ramanantsoa déclare : « Je donnerai la priorité aux opérations qui viseront à créer des emplois nouveaux, absolument indispensables pour l'avenir de notre capital le plus précieux que représente notre si belle et généreuse jeunesse. »

Afin de ne plus faire appel aux militaires français de l'Assistance technique et de donner ainsi des postes aux jeunes Malgaches, le général Ramanantsoa signe deux décrets pris en conseil des ministres, en vertu de la loi du 6 décembre 1968. L'article 10 de cette loi souligne que « l'obligation pour tous les citoyens malgaches de sexe masculin, possédant la capacité physique requise et âgés de 20 à 50 ans, de participer à la défense nationale, constitue le Service national ». Son article 14 stipule que « les obligations d'activité et de réserve peuvent s'effectuer soit dans les Forces armées (…) soit hors des Forces armées, dans des organismes publics, parapublics ou privés, concourant à la réalisation des objectifs à l'article premier ».

Deux décrets du 29 janvier 1973 concernent l'organisation de ce Service national hors Forces armées. Le général Philibert Ramarolahy y apporte quelques précisions. Ainsi, les jeunes appelés seront âgés de 

20 à 29 ans, titulaires du CAE, baccalauréat, licence ou ingéniorat pour prendre la relève des enseignants militaires du contingent. Un dernier décret est adopté en Conseil des ministres le 1er février. Il institue le Service national féminin, non obligatoire au début. Il s'adresse aux jeunes filles et jeunes femmes volontaires, de nationalité malgache, âgées de 18 à 30 ans, titulaires de l'un des diplômes précédemment cités et désireuses, elles aussi, de participer à l'effort national pour le développement de l'enseignement.

En prenant toutes ces mesures qui intéressent et la défense et l'enseignement, le gouvernement Ramanantsoa ne fait que concrétiser un vœu émis par le Congrès national de septembre 1972. Celui-ci préconise le Service national obligatoire 

pour les élèves de la Troisième aux Terminales et pour les étudiants universitaires. Largement commentées dans la presse et favorablement accueillies par l'opinion publique, ces mesures font naître un réel engouement chez les jeunes diplômés, surtout  sans situation.

Pela Ravalitera

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