La guerre de Waterleau

Il y eut la fameuse guerre de Waterloo où l’empereur Napoléon Bonaparte a définitivement perdu le pouvoir après sa défaite face aux forces de la coalition menée par Wellington et Von Blücher. C’était en 1815. Deux siècles après, nous en sommes à notre guerre de Waterleau. Eh oui. Ironie de l’histoire et seul point commun entre les deux guerres, une météo capricieuse avec une pluie diluvienne qui avait transformé le champ de bataille en bourbier déroutant l’artillerie de Napoléon. Exactement comme l’état de la route entre Mampikony et Befandriana, entre Ambohitrolomahitsy et Talata Volonondry, entre Anosibe An’Ala et Moramanga et on en passe et des meilleurs.

La guerre de Waterleau est à notre époque ce que c’était la guerre du feu il y a 400 000 ans avant notre ère. À cette nuance que la guerre de Waterleau risque de durer davantage. Elle se tient sur deux fronts. Là où l’eau devient un vrai luxe causant une ruée vers l’eau dès que le robinet daigne en sortir une misérable goutte. Et là où l’eau devient un mauvais compagnon, mortel et déchaîné. Deux extrêmes tout à fait incompatibles et impossibles à relier. Ce sont les deux dilemmes de la population actuelle. L’eau est en train de submerger plusieurs localités et de produire des milliers de sinistrés. Des maisons sont emportées par les eaux, des personnes sont portées disparues, des milliers d’hectares de champs de culture sont sous les eaux, la production est hypothéquée…

De l’autre côté, on est impuissant de voir toute cette eau ruisseler sur le toit et bercer petits et grands et disparaître dans les égouts, alors que cela fait plusieurs mois, voire des années que les robinets sont asséchés. On a beau remplir les seaux comme au Moyen Âge mais cela couvre le besoin de deux jours si on se lave avec la salive comme les chats. On se demande à juste titre et naïvement pourquoi avec tout ce déluge, les citernes de la Jirama sont toujours vides. Ce sont peut-être ou sûrement des tonneaux des Danaïdes.

On voit nettement que depuis 65 ans, le pays n’avait aucune vision pour pouvoir gérer l’eau en l’emmagasinant. La guerre de Waterleau était perdue d’avance. Tout le monde s’est noyé dans les illusions et les prestidigitations.

Sylvain Ranjalahy

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