Ce n’est pas trop tôt. Le nouveau ministre de la Sécurité publique annonce des changements. Comme il a été choisi entre mille et connaît bien sa maison pour avoir occupé plusieurs fonctions dans sa carrière, on peut dire que la police a enfin trouvé l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. À l’instar des autres ministres, il a cent jours pour faire ses preuves. Le nouveau patron de la police a défini quatre grands chantiers dont le déploiement de la police de proximité, la lutte contre les violences sexuelles, l’éradication de la corruption au sein de la police et la réforme de la délivrance des passeports. Des sujets de proximité qui intéressent au plus haut point le public.
Il faut dire d’emblée qu’on ne peut pas mettre un policier sur chaque porte et que la répression policière n’a jamais pu éradiquer l’insécurité et la criminalité ici comme ailleurs. Il ne faut donc pas espérer qu’il suffit de changer un ministre pour que tous les bandits se terrent. On peut juste rêver que l’intervention de la police soit plus rapide, que tous les endroits publics comme les arrêts de bus, les distributeurs de billets, les sorties de banque, les proximités de cash point, les sorties d’écoles soient sécurisés au maximum à Tana comme dans les régions. Avec l’aggravation de la pauvreté, l’insécurité s’est étendue partout avec autant d’acuité dans les autres villes que dans la capitale.
Il faut également avoir à l’œil en permanence des quartiers chauds où il est risqué d’y mettre les pieds.
La lutte contre la corruption au sein de la police figure aussi parmi les priorités du nouveau ministre. Il s’agit d’une véritable gangrène de notoriété publique. Il connaît mieux que quiconque le mal qui ronge son département et devrait pouvoir trouver l’antidote à ce fléau.
Le renforcement de la brigade mixte pour juguler l’avancée des violences sexuelles en particulier les viols sur mineur fait partie de ses challenges et non des moindres. La future réforme du code pénal devrait l’aider dans sa tâche mais il s’agit d’une condition nécessaire mais pas suffisante pour stopper cette tragédie. Le viol est devenu monnaie courante avec le faible niveau d’instruction de la population, la pauvreté sur tous les plans, la violence ambiante et l’anarchie qui règnent.
L’amélioration de la délivrance des passeports est une excellente nouvelle pour le public. Depuis quelques temps c’est devenu un véritable parcours du combattant pour se faire délivrer son passeport. Non seulement les formalités sont compliquées mais aussi et surtout il faut faire la queue depuis trois heures du matin pour pouvoir espérer être servi. Le ministre a annoncé des allègements comme le paiement des droits sur place par le biais d’un guichet unique au lieu d’aller au Trésor puis revenir à Anosy. Un retour au bon sens puisque c’était ainsi il y a quelques années avant qu’on complique les choses. Un passeport est une pièce d’identité comme une autre que tout citoyen a le droit de posséder. On comprend mal pourquoi on a inventé toute une histoire pour l’avoir alors qu’avec le droit qu’on doit payer, l’État s’octroie un joli pactole. Pourquoi tout faire pour que les gens renoncent à en avoir ? C’est le contrôle à l’aéroport qu’on doit renforcer pour éviter les fraudes et les voyages à risques. Élémentaire mon cher Watson.
Sylvain Ranjalahy