Avec la signature d’un mémorandum d’entente entre l’Aviation civile de Madagascar (ACM), et celle du Qatar, le ciel malgache s’ouvre à Qatar Airways. Une opportunité pour atteindre l’objectif d’un million de touristes, mais une fenêtre pour des bénéfices multisectoriels, comme l’explique Valéry Ramonjavelo, ministre des Transports et de la météorologie.
L’Express de Madagascar. Pourquoi travailler avec Qatar Airways.
Valery Ramonjavelo. Qatar Airways c’est cent soixante-huit points à travers le monde. Par exemple, ils peuvent être à Johannesburg, comme ils sont à Cape Town. Ils peuvent être à Zanzibar, comme ils sont à Mombasa. Ils sont présents sur les cinq continents. C’est le plus grand réseau, à lui tout seul, au Moyen-Orient. Ça fait dix ans qu’ils sont les premiers en “business class”. Même si elle est déjà au Seychelles, la compagnie estime ne pas être suffisamment présente dans l’océan Indien. Cela fait un certain temps qu’elle a essayé de venir à Madagascar. J’ai rencontré les responsables de la compagnie en décembre, à Doha, et je leur ai expliqué que Madagascar commence à ouvrir son ciel s’ils sont intéressés. Ensuite, il y a eu des échanges de documents. Il y a eu des pourparlers pour en arriver au premier pas qu’est le “Memorandum of understanding” [Mémorandum d’entente].
Et pourquoi la compagnie a-t-elle choisi la destination Madagascar ?
C’est parce que, pour eux, Madagascar constitue un grand potentiel avec ses vingt-huit à vingt-neuf millions d’habitants. Donc, compte tenu des produits touristiques qu’on offre et de la richesse culturelle qu’on a, la Grande île est un pays où le marché reste à développer.
Concrètement, sur quoi porte le mémorandum d’entente ?
Il implique que les deux autorités de l’aviation civile malgache et celle du Qatar, acceptent que l’on puisse aller de l’avant et avoir une entente entre les pays après. Donc, il y a un accord de principe. Cet accord de principe définit sous quelle condition est-ce que les deux autorités peuvent permettre à leur compagnie nationale, que ce soient Madagascar Airlines et Qatar Airways, d’aller sur les marchés de l’un et de l’autre.
Certes, mais Madagascar Airlines n’est pas encore armée à cet effet.
Aujourd’hui, effectivement, Madagascar Airlines n’est pas encore capable d’aller au Qatar, mais le Qatar lui est ouvert, comme nous on ouvre notre ciel au Qatar. C’est là que viennent les “Code share”. Il y a encore du travail, puisque nous en sommes encore au premier pas. Il y aura encore un accord entre les deux pays qui devra se faire sur certaines clauses qui touchent plusieurs facteurs, plusieurs secteurs et devront être préalablement discutées en Conseil du gouvernement et en Conseil des ministres, puis ratifié comme tout accord d’ouverture officielle d’espace aérien entre deux pays. Ce sera encore plus détaillé, puisqu’au stade actuel, il s’agit de dire que l’un et l’autre sont intéressés à ouvrir leur ciel. Cela veut dire, toutefois, qu’ils peuvent déjà venir s’ils sont prêts. Puis on a des accords bilatéraux entre Madagascar Airlines et Qatar Airways qui vont aller beaucoup plus sur le partenariat “win win”. Dans lequel on pourra exiger des places, on pourra exiger à ce qu’elle aille sur des destinations qu’on cible. Par exemple, on voudrait qu’elle aille plus en Amérique du Nord, qu’en France. Ou bien qu’elle aille dans des marchés non traditionnels, comme l’Europe de l’Est ou en Asie. Des marchés où nous ne sommes pas encore présents.
Donc une destination Antananarivo - Paris n’est pas dans les plans ?
Non, ce n’est pas du tout dans les plans. Il n’y a pas de vol Qatar Airways qui est prévu pour la destination Antananarivo - Paris.
Y a-t-il une échéance pour le début des activités d’aviation proprement dites ?
Comme on est dans ce qu’on appelle les calendriers IATA (Association du transport aérien international), qui servent de référence. Elle est découpée en deux saisons. La première commence en avril et la deuxième en octobre. Donc notre plan est que les premiers vols se fassent pour le mois d’octobre 2024. Il pourrait peut-être effectuer des vols charter avant ça. Mais si tout va bien, dans les quatre-vingt-dix ou les cent prochains jours, on devrait aboutir à un accord pour définir des plannings.
Des équipes techniques, des deux côtés, vont se réunir plus fréquemment afin d’affiner les accords et les plannings de programmation des vols. Elles vont également travailler sur les accords de “Cote chair”, et les types de partenariat qui peuvent être faits. Puisqu’à travers Qatar Airways, ce sont les investissements qataris qui peuvent suivre. Si la compagnie remplit ses avions, il faut aussi qu’il y ait une capacité d’accueil à Madagascar.
Ceux qui voyagent sur Qatar Airways sont des personnes qui, majoritairement, ont un pouvoir d’achat élevé et des exigences tout aussi élevées. Elles cherchent des hôtels trois étoiles et plus. Nous n’avons pas encore nécessairement des offres suffisantes pour répondre à cette demande. C’est la raison pour laquelle on doit préparer et prévoir tous les effets induits par l’arrivée d’une compagnie aérienne majeure comme celle-là.
Ce sont des démarches pour dire qu’ils font confiance à Madagascar. Ils misent sur l’avenir de Madagascar. Les signaux qu’ils avaient attendus depuis un certain temps, ils les voient maintenant. Et c’est pour cette raison qu’elle a dépêché une délégation massive pour la signature du mémorandum d’entente.
Qatar Airways prévoit sept vols par semaine. De prime abord, elle mise essentiellement sur ceux qui vont venir à Madagascar pour remplir les places et rentabiliser la destination ?
Ces gens-là vont venir à Madagascar tous les jours. Ils doivent aussi rentrer. Il y aura aussi les Malgaches et les expatriés qui résident à Madagascar. Contrairement aux apparences, les Malgaches sont des grands voyageurs. Avec Qatar Airways, ils vont pouvoir découvrir des régions du monde où ils n'envisageaient pas du tout d’aller avant. Par exemple, s’ils veulent découvrir des pays de l’Europe de l’Est, ils pourront le faire en passant par Doha [capitale du Qatar]. Pareillement, s’ils veulent aller en Australie, par exemple, au lieu de passer la Maurice, ils peuvent le faire via Doha.
Notre département travaille avec différents ministères pour le développement de différents secteurs comme le tourisme, l’agriculture ou la pêche. Puisque notre rôle est d’assurer la connectivité et l’accessibilité à travers Madagascar et l’accessibilité de Madagascar au monde. Par exemple, le ministère du Tourisme va dire qu’il souhaite développer tel ou tel marché. À nous de trouver la connectivité nécessaire à cet effet.
Donc Madagascar sera une destination à part entière de Qatar Airways et non pas juste un point d'escale ?
Tout à fait. Ce ne sera pas une escale. Ce sera des vols directs Doha - Antananarivo et Antananarivo - Doha.
Par rapport à la logistique à l’aéroport d’Ivato et les autres aéroports internationaux. Sont-ils prêts à accueillir ce nouveau flux de passagers ?
Nous avons huit aéroports internationaux. Et on doit se préparer. L’aéroport d'Antananarivo, par exemple, c’est de là que va partir le grand flux. Il est conçu pour accueillir plus d’un million cinq cent mille passagers par an. Donc il n’y a pas de problème. Après, au fur et à mesure, lorsque Madagascar deviendra la grande destination touristique, qui est la finalité voulue, il y aura bien sûr des programmes d’investissements qui vont suivre.
Par rapport aux vols intérieurs, comment la compagnie nationale va-t-elle s’organiser ?
La compagnie nationale a un plan d'accompagnement de son investissement dans le cadre du plan Phoenix. Normalement, à la fin de l’année, on devrait en être à cinq ou six aéronefs. Puis après, on va augmenter au fur et à mesure. Et pour pouvoir répondre au million de touristes, d’ici cinq ans au maximum, il faudra aisément avoir une flotte de douze aéronefs afin de les transporter à travers l’Île et aussi connecter de plus en plus des aéroports et des zones touristiques.
Madagascar Airlines est justement à la recherche d’investisseurs pour renflouer ses caisses. Une entrée de Qatar Airways dans le capital de la compagnie nationale est-elle envisagée dans le mémorandum d’entente ou envisageable ?
Non, ce n’est pas nécessairement envisageable. Madagascar Airlines, pour l’instant, va avoir à réfléchir sur une restructuration de son capital. Mais après, on verra le niveau d’ouverture envers des investissements nationaux ou internationaux. Mais Qatar Airways ou une autre compagnie étrangère n’est pas les plans aujourd’hui.
Qu’en est-il des intérêts de la compagnie Emirates pour la destination Madagascar ? Y a-t-il d’autres compagnies étrangères qui ont manifesté leur intérêt pour desservir la Grande île ?
Oui bien sûr. On a rencontré Flydubai qui a manifesté son intérêt. J’ai déjà discuté avec Emirates qui est également intéressée. Il y a des entreprises chinoises. Des entreprises qui se trouvent chez nos voisines de l’océan Indien, également, comme Mayotte qui veut revenir en force. Il y a vraiment un engouement. Il y a une fenêtre d’opportunité qui est là. Encore une fois, lorsqu’il y a autant de signaux de la part de gens ou d’entités qui manifestent leur intérêt. Cela démontre la confiance envers le pouvoir, les autorités et la destination Madagascar.
La Grande île fait partie du top 10 des meilleures destinations pour 2024. À nous maintenant de surfer là-dessus et d’aller de l’avant. On a une fenêtre d’opportunité qu’il faut saisir et qu’il faut capitaliser. Madagascar ne doit pas être le seul pays oublié dans l’océan Indien. Nous avons pourtant largement beaucoup plus à offrir que nos îles voisines. L’arrivée des grandes compagnies aériennes a des effets extraordinaires sur le nombre de touristes, la qualité de l'hébergement et de la restauration. Sur le transport, sur l’agriculture, puisqu’il faut nourrir ces personnes qui viennent dans le pays. Avec les frets, on pourra aussi exporter nos produits directement aux régions du Moyen-Orient qui seront à notre portée. Cela améliorera également la crédibilité de Madagascar.
Il est nécessaire de s’ouvrir au monde. Nous voulons atteindre le million de touristes, donc il faut se donner les moyens de le faire. Il faut ouvrir le ciel. Aujourd’hui avec les compagnies qu’on a, nous avons trois-cents mille touristes. Nous avons quatre-vingts touchés internationaux hebdomadaires. Pour avoir le million, il faut le multiplier par trois. Pour y parvenir, il faut de nouvelles compagnies qui viennent chez-nous. Et, au milieu de tout ça et j’en suis persuadé, lorsque Madagascar Airlines retournera sur les vols internationaux, dont la destination où elle est la plus forte, c’est-à-dire Antananarivo - Paris, elle pourra revenir plus fort, dans deux ans. Pour l’instant, notre stratégie, c’est d’être très fort sur le marché national.
En somme, ce mémorandum d’entente n’est qu’un début. Il y aura d’autres compagnies qui vont être sollicitées ou qui vont venir ?
Ce n’est qu’un début dans la relation avec Qatar Airways et le Qatar. Après, il y aura le premier vol qu’elle va effectuer. Mais on n’a pas d’exclusivité pour l’instant. On est en train de voir quelle est la stratégie qu’on va adopter. Qatar Airways est la première qui a bougé. Mais avec Emirates, il y avait déjà des discussions par le passé. Flydubai, on va voir. Les Chinois sont à l'affût. Etihad, peut-être, qu’elle va se réveiller aussi. Puisqu’Etihad qui est, aussi, une grande compagnie du Moyen-Orient était aux Seychelles avant. On a de bonnes relations avec le Maroc. Il y a pas mal de choses qui peuvent se faire.
On compte beaucoup sur le tourisme comme un secteur pilier. Mais le développement du tourisme ne peut se faire sans un renforcement de la liaison aérienne, mais également par les paquebots qui vont encore être de plus en plus nombreux. Justement, nous comptons aménager les ports pour mieux les accueillir.
Garry Fabrice Ranaivoson
L'intérêt de cette compagnie aérienne pour la destination Madagascar n'est pas innocent et la langue de bois de ce ministre fait que des non-dits sont dans les placards . Si on parle du Qatar on pense évidemment au PSG et cette équipe de football la un soutien indéfectible de longue date à savoir Nicolas Sarkozy . Ce dernier actuellement empêtré dans des affaires avec la justicei est le grand manitou du président Français de la république de Madagascar . Des propos irresponsables et irrationnels d'un ministre qui vise 1 million de touristes dans 5 ans alors que Rainilainga n'a fait qu'aggraver les problèmes de la jirama , l'insécurité et les infrastructures routières délabrées durant son mandat . Et puis avec les 45 millions de dollars de la banque mondiale tant vantés par le président directeur général de Madagascar Airlines un spécialiste plutôt des activités commerciales viticoles a d'abord intérêt à rembourser les billets d'avion de la clientèle lésée à ce jour par des annulations cavalières de vols ! Rien que voir les mensonges du président " vazaha taratasy " depuis un an maintenant sur l'acquisition de l'Embraer 190 E2 , le doute est permis sur l'avenir de notre compagnie aérienne " bouffée " par cette ouverture du ciel !
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