Les ordures à Tana rappellent les douze travaux d’Hercule à l’époque de la mythologie grecque dans laquelle Augias, le roi d’Eris possédait un énorme troupeau de bétail. Les écuries n’avaient pas été nettoyées depuis des décennies que Hercule a dû le faire en une journée. La situation est exactement la même. Elle est récurrente depuis des décennies. Le ramassage d’ordures constitue un véritable casse-tête pour les édiles de la Capitale qui se sont succédé au moins depuis vingt ans.
Le gouvernement vient de donner un ordre formel aux ministères concernés de nettoyer les bacs à ordures dans un bref délai. Sans attendre le gouverneur de la région Analamanga, Hery Rasoamaromaka, a mis la main à la pâte. Les départements ministériels ainsi que la CUA se sont également impliqués dans ce challenge.
Une opération coup de poing est souvent enclenchée quand la situation se complique. Le gouverneur ne renonce jamais à cette initiative. Mais il sait très bien que sans une politique de traitement des ordures, un coup de poing restera un palliatif. Le budget de fonctionnement de la CUA ne lui permettra jamais d’assumer ses lourdes tâches en particulier l’enlèvement régulier des ordures. Il lui faut un montant colossal au quotidien pour affréter des camions et nettoyer les bacs à ordures. C’est bien beau de se montrer solidaire dans cette tâche, mais la propreté n’ira pas au-delà de quelques jours. Le temps que les ménages se débarrassent de leurs déchets et les bacs seront vite pleins. Et ainsi de suite. Un cycle infernal entretenu par le manque de vision et d’anticipation depuis des années.
D’hésitations en tergiversations, les différents projets pour traiter les ordures ménagères sont tous tombés à l’eau. Un projet d’installation d’un incinérateur, une usine de transformation des déchets en compost ont été concoctés il y a plusieurs années, mais n’ont jamais vu le jour. Ces projets auraient permis de dégager la décharge d’Andralanitra et d’assainir la Capitale. Il ne suffit plus de doter en matériel la CUA pour vider les bacs à ordures, mais de faire en sorte que les ordures n’encombrent pas et ne constituent pas une… charge pour la ville et le pays. Il faut ainsi adopter une politique volontariste de traitement des ordures.
C’est bien de recevoir des dons japonais depuis des années, mais l’assis… Tana n’a pas résolu le problème de façon définitive. Charité bien ordonnée commence par soi-même. C’est juste le sens de la souveraineté.
Sylvain Ranjalahy