GOUVERNEMENT - Les postulants seront soumis à un test

Le président Andry Rajoelina définit des critères stricts pour la nomination des ministres

Dès aujourd’hui, le Premier ministre s’attellera à la composition de son gouvernement. De vive voix, le chef de l’État a donné le ton sur les critères et conditions de nomination.

Avis aux amateurs. Dans la foulée de la nomination du Premier ministre, au Palais d’État d’Iavoloha, hier, Andry Rajoelina, président de la République, a appelé tous ceux qui s’estiment remplir les critères pour siéger au sein du gouvernement, à postuler.

Cependant, le chef de l’État annonce d’emblée que les critères de sélection seront “stricts”. Une première dans l’histoire, la nomination des ministres ne se fera plus sur pièce. Selon le président Rajoelina, chaque postulant devra passer “un test”, pour évaluer s’il dispose réellement des compétences nécessaires à la fonction à laquelle il aspire. S’il maîtrise réellement son domaine. 

Un curriculum vitae (CV) en béton ne suffit plus pour espérer intégrer l’équipe de l’Exécutif. Il faudra, préalablement, faire ses preuves. L’autre innovation est qu’avant d’entrer en fonction, chaque ministre devra “prêter serment”. Il s’agit d’un serment de probité, mais aussi, d’accomplir leurs attributions dans la droiture. Cette prestation de serment “s’accompagnera de la signature d’un engagement, devant la nation”. 

À entendre le discours présidentiel, qu’avant leur nomination, chaque ministre s’engagera par écrit, “à quitter ses fonctions ou bien à en être immédiatement démis s’ils n’accomplissent pas leur tâche comme il se doit”. Outre la probité et la droiture, la capacité à travailler vite, l’abnégation en faveur de la quête du bien-être de la population, la quête constante du bien-être commun, ainsi que la préservation de l’intérêt supérieur de la nation, sont les autres cases que devront remplir les aspirants ministres. 

Obstacle

Ainsi, ceux qui s’estiment à la hauteur des attentes présidentielles, peuvent déposer leur CV à la primature, à Mahazoarivo, et une copie à la présidence de la République, à Ambohitsorohitra, dès demain. Le président de la République insiste, du reste, sur le critère de probité. À l’entendre, il s’agit d’un impératif. Et les enquêtes de moralités seront particulièrement pointilleuses, annonce-t-il. 

Sur sa lancée, le locataire d’Iavoloha prévient d’emblée, également, que ce sera la tolérance zéro contre tout acte de corruption. “Tous ceux qui s’adonnent à la corruption seront sévèrement sanctionnés. Il n’y aura ni exception, ni copinage, ni indulgence. Les corrompus seront châtiés”, déclare-t-il donc. Les sanctions contre les éventuels actes de corruption perpétrés par les décideurs étatiques seront appliquées sur la base des lois en vigueur, à entendre le discours présidentiel. 

Un obstacle majeur obstrue, toutefois, les procédures judiciaires contre les hauts responsables étatiques, dont les membres du gouvernement. Il s’agit du privilège de juridiction qu’est la Haute Cour de Justice (HCJ). Selon la Constitution, les ministres font partie des hautes personnalités qui “sont pénalement responsables, devant la Haute Cour de Justice, des actes accomplis liés à l’exercice de leurs fonctions, des actes qualifiés de crimes ou délits au moment où ils ont été commis”. 

La mise en accusation des personnes justiciables devant la HCJ nécessite une procédure parlementaire fastidieuse et pour les ministres, elle nécessite le feu vert de la majorité absolue des députés. Jusqu’ici, aucune procédure de mise en accusation d’une haute personnalité justiciable devant la HCJ n’a abouti. Elle est systématiquement bottée en touche par la Chambre basse. Reste à voir si l’épée de Damoclès qu’est le limogeage immédiat suffira à dissuader les futurs ministres de transgresser l’obligation de probité. 

Garry Fabrice Ranaivoson