Étreintes temporelles

Nous sommes dans la période annuelle de grâce durant laquelle le ciment de la famille et de l’amitié se renforce. C’est le temps de rencontres productives, riches en échanges chaleureux qui s’amenuisent à mesure que progresse la marche de l’année. Nous sommes au début, assez long, de l’année, des semaines illuminées par les vœux du Nouvel An que l’on s’envoie à profusion, ces paroles qui sont les incarnations sonores du vent de l’espoir soufflant dans l’atmosphère du Nouvel An. Ces mêmes souhaits dont l’éclat revient invariablement tous les ans.

Si les premières semaines de l’année sont toujours éclairées par cet espoir qui renaît chaque fois qu’on se rapproche du seuil d’un nouveau cycle de révolution de notre planète autour du Soleil, elles tendent aussi à être précédées d’une phase pénible d’extinction progressive, causée par les assauts du désenchantement qui envahissent un nombre considérable de jours. Et chacun de ces beaux accords, qui inspirent l’euphorie, qui ornent les premières mesures de la partition de l’année, doit être savouré. On est incité à profiter de la présence de cette flamme chaleureuse tant qu’elle est encore vivace, une ardeur qui risque de ne pas survivre, comme par le passé, à la succession des mois.

Héraclite disait qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, et l’on s’attend à nager dans des eaux plus calmes, tel un long fleuve tranquille, lorsque s’affirment les premières secondes de l’année. Cependant, tel Icare, alors qu’on plane, porté par cet élan d’enthousiasme qui nous serre, l’avancée du temps peut toujours apporter ses feux qui peuvent brûler nos ailes et calciner l’allégresse.

Les onze prochains mois sont, en tout cas, encore des pages blanches et, comme la tabula rasa de John Locke, c’est à nous de les remplir. L’existentialisme de Jean-Paul Sartre peut nous enseigner que nous sommes responsables de ce que nous devenons. 

À nous de peindre notre existence et de lui donner, autant que possible, de belles couleurs.

Les jours du calendrier attendent qu’on les façonne. Les vœux du Nouvel An sont un appel à notre liberté, à l’exercer pour construire notre avenir et à affronter le destin pour le modeler, en préservant tant que possible ses beaux contours offerts par la nouvelle année. C’est alors que l’année se déploie comme une toile, prête à devenir une tapisserie où les fils devraient être les matérialisations de nos espoirs. Et que nos propres mains réalisent les vœux qui sont à leur portée.

Fenitra Ratefiarivony

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