Sapeurs et sans reproche

Ya-t-il une réelle vocation pour être sapeurs-pompiers? Ou est-ce une fatalité faute d’emploi? Une carrière dédiée à  ceux qui se sont trompés de choix dans leurs études supérieures et qui ont dû se résoudre à faire un métier auquel ils ne se sont pas du tout destinés  ou à ceux qui sont rejetés par les universités après le bac. Visiblement, ce n’est pas le cas mais la question mérite d’être posée au moment où les pompiers célèbrent la Sainte Barbe, leur patronne.

Après tout, c’est un métier comme un autre quelles que soient les motivations de ceux qui l’embrassent. Et ce ne sont pas les candidats qui manquent, à en juger les recrutements faits par la ville d’Antananarivo chaque année. Et là justement ou le bât blesse. Depuis toujours, les services des sapeurs-pompiers sont visiblement sous-estimés, sous-équipés. En 63 ans d’indépendance, ils n’ont jamais fait partie des priorités du pays. Le service des sapeurs-pompiers à Antananarivo dépendait toujours de “partenariat” voire d’assistanat avec des départements ou de pays étrangers à l’image de la Vendée, de l’URSS et du Japon pour s’équiper.

 Il n’y a que quelques grandes villes qui disposent d’un service de sapeurs-pompiers dans les normes. Pourtant, avec la fréquence des incendies souvent dus à la négligence de la population de plus en plus nombreuse, de plus en plus pauvre et de plus en plus mal éduquée, c’est un service qui devrait préoccuper les autorités. Les incendies se multiplient aux quatre coins du pays et souvent faute de sapeurs-pompiers, on attend la fin de l’ivresse du feu, impuissant et résigné. Des villes comme Manakara, Mananjary, Foulpointe, Morondava… ont été le théâtre d’incendies à répétition sans que les dégâts servent de leçon et d’argument pour se doter de sapeurs-pompiers. 

Le métier des sapeurs-pompiers est ainsi de plus en plus difficile. Outre le manque d’équipement et de matériel pour affronter des incendies de plus en plus graves, les conditions externes compliquent sérieusement leur tâche. Avec l’étroitesse des rues et la prolifération des constructions illicites, la disparition des bouches d’incendie et surtout la coupure criminelle de l’eau, le combat contre le feu est devenu une histoire de courage et de miracle. Souvent, l’endroit où se trouve un incendie est inaccessible à un camion-citerne alors qu’il n’existe aucune bouche d’incendie aux alentours. Le moindre retard des sapeurs-pompiers pour ces raisons est pourtant jugé intolérable par les victimes et l’opinion. La plupart du temps, les sapeurs-pompiers sont exposés à de gros risques pour circonscrire le feu. Il faut saluer leur courage et leur détermination pour gagner la bataille contre les incendies malgré le manque d’équipements adéquats.

Avec la croissance inexorable de la population, les réalités ont changé. Le budget des communes étant ce qu’il est y compris celui de la capitale, il faut que l’État contribue à la mise en place et à l’équipement des sapeurs-pompiers. On se demande pourquoi ils ne sont pas mis au même rang que les écoles, les hôpitaux, les prisons et les V8.

Sylvain Ranjalahy

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