Une ambiance calme a régné, hier, au Palais de justice |
Vingt ans de travaux forcés ont été prononcés contre un accusé de meurtre et de tentative de vol de voiture. La même peine pour quelques membres du « fokonolona ».
Le procès sur un tollé survenu l’année passée, à Ambatofotsy, sur la Route nationale 7, s’est déroulé, hier, dans la salle 4 du Palais de justice, à Anosy. L’accusé a écopé de vingt ans de travaux forcés.
L’exposé des faits lu au début de l’audience par la greffière aide à comprendre ce qui s’est passé le 30 janvier 2022. Un corps sans vie a été découvert dans la malle d’une voiture légère, une Peugeot. C’était, en fait, le propriétaire-même du véhicule. Il a été froidement assassiné par son collègue. « Sa dépouille a été couverte de sable. Son oreille a été transpercée avec un couteau et sa tête maculée de sang », selon le récit.
L’auteur du forfait comptait pouvoir voler la Peugeot, mais il s’est fait remarquer par un gardien de bœufs. Un attroupement tumultueux s’est rapidement formé pour s’en prendre à lui. Il a été tiré d’affaire par des gendarmes. La voiture a été incendiée par la foule en furie. L’assassin a maintenant répondu de ses actes devant la Cour criminelle ordinaire. Meurtre avec préméditation et tentative de vol de voiture lui ont été imputés.
Location
Il a plaidé coupable. Il a murmuré en s’expliquant. « Parlez fort ! », dit la présidence d’audience. « Je n’entends rien du tout », se désole le procureur. Après la question de l’un des quatre assesseurs, l’avocat de la partie civile a, à son tour, interrogé l’accusé à propos d’une histoire de location vers Behenjy entre le défunt et lui. « Cette location spéciale que je lui ai proposée a bel et bien existé. Il pensait que je lui ai menti », raconte le meurtrier. À en croire ses propos, son collègue se mit en colère à cause de cela. Ils en sont venus aux mains. « Je n’avais pas l’intention de le tuer », enchaîne-t-il.
« Tout est déjà clair. Il a reconnu les faits. Il l’avait piégé avec la location. Or, son but était de voler sa voiture et de l’assassiner. Tout était préétabli. Les procès-verbaux des gendarmes soulignent qu’il détenait un numéro d’immatriculation et du châssis à utiliser s’il réussissait son plan. Ce véhicule était la seule source de revenu de la famille. Maintenant, il n’y a plus rien. Il a été brûlé par le fokonolona », selon la plaidoirie de l’avocat de la veuve du défunt.
« Je ne vois ici aucun membre du fokonolona qui avait saccagé et mis le feu à la voiture », insiste-t-il. La défense de l’accusé a avancé que son client a des remords, que le fond du problème reposait sur la location et qu’aucune tentative de vol de voiture n’a eu lieu. Elle a suggéré une disqualification pour cette inculpation.
À son retour de la délibération, le juge a annoncé la peine des travaux forcés à l’accusé. Il l’a condamné à payer 40 millions d’ariary de dommages et intérêts à la plaignante. Une dizaine de membres du « fokonolona », auteurs de l’incendie, sont également punis de vingt ans de travaux forcés. Ils doivent à la femme du disparu 20 millions d’ariary à titre de réparation. Puisqu’ils étaient absents au procès, le juge a prononcé un mandat d’arrêt contre eux.
Hajatiana Léonard