Coup de poing dans l'eau

Enième coup de poing à Antananarivo pour enlever les ordures. L’initiative est, certes, louable pour maintenir la propreté dans la capitale, mais il s’agira d’un coup de poing dans l’eau si elle ne dure que le temps de vider les bacs à ordures plus que pleins et dont le contenu obstrue plusieurs artères de la ville. Hélas, depuis plusieurs années, c’est souvent le cas. Comme pour le délestage à durée indéterminée, le problème du ramassage des ordures est fondamentalement lié à une question financière. Il faut beaucoup d’argent pour affréter les camions, acheter du fuel… Comme il faut au moins quarante camions, quinze à vingt millions d’ariary par jour, une centaine de bacs à vider,  des allées et venues entre la ville et le dépôt d’Andralanitra, il faut avouer qu’il ne s’agit pas d’une mince affaire ? Le budget annuel nécessaire pour enlever les ordures de façon régulière dépasse nettement les ressources de la mairie de Tana. C’est un fait vieux d’au moins deux décennies.

L’affaire se complique d’année en année avec le boom démographique, l’élargissement de la ville et, par conséquent, l’augmentation du nombre de bacs à ordures et du volume d’ordures à dégager. La période de pluies est également cruciale avec les déchets ménagers laissés par les fruits de saison et les légumes sans oublier les déchets en plastique qui atteignent une proportion énorme.

Tout compte fait, la gestion des ordures doit être une affaire d’État, étant donné que le problème ira crescendo d’année en année. Et il n’y a pas qu’à Antananarivo que les déchets constituent un casse-tête insoluble. Avec l’extension de la ville, les communes périphériques sont également confrontées au même souci faute d’avoir anticipé une solution à ce nœud gordien. La plupart des communes aux contours d’Antananarivo n’ont ni bacs à ordures, ni camions d’enlèvement, ni décharges publiques. Il en va certainement de même dans les communes des grandes villes régionales. Voilà pourquoi il faut sérieusement se pencher sur ce problème qui risque d’embaumer tout le pays si on ne prend pas des mesures adéquates, un coup de pied dans la fourmilière plutôt qu’un coup de poing sporadique et sans lendemain.

Sylvain Ranjalahy

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