Sur le fil du rasoir

L’atmosphère politique semble se détériorer d’un jour à l’autre au fur et à mesure que la date du premier tour de l’élection présidentielle approche. La journée d’hier a été très agitée et on a frôlé le pire à Mahamasina lors de la manifestation du collectif des candidats. L’image la plus saisissante qui tournait en boucle sur les réseaux sociaux a été sans conteste celle d’un policier tirant à bout portant sur un manifestant. Une séquence juste surréaliste. Elle montrait combien les nerfs sont à vifs actuellement. Les gestes ne sont plus maîtrisés comme il le fallait. Justement avant cette intervention violente d’un policier, une autre séquence a retenu l’attention mais a été visiblement occultée par les fameux influenceurs. Elle montrait des éléments de la gendarmerie en mauvaise posture face à des manifestants qui ne se laissaient pas faire. Un gendarme était tombé à terre et a fait l’objet de plusieurs attaques avant d’être sauvé par ses compagnons d’armes. Cette détermination des manifestants explique le geste du policier face à un manifestant qui en découdrait avec un autre policier.

L’arrestation musclée d’un député élu à Tana a causé la colère des manifestants qui voulaient tenir tête aux gendarmes. Des accrochages ont suivi, assortis d’explosion de bombes lacrymogènes. Là aussi, il faut plus de maîtrise et de retenue puisque des écoles et des hôpitaux se trouvent à proximité. Des bébés dans les environs ont suffoqué à cause des bombes lacrymogènes.

Dans la soirée, l’arrestation violente d’un ancien haut employé de l’État a défrayé les chroniques. Depuis quelques jours, le concerné a commencé à faire des déballages sur Facebook.

Depuis quelques jours, les explosions de bombes artisanales ont repris à divers endroits. Cela n’a rien de rassurant et inquiète l’opinion. La tâche des Forces de sécurité se complique étant donné qu’il va falloir lutter contre un ennemi invisible dont le sale boulot est facilité par le délestage. Il fallait s’y attendre face aux événements de ces derniers jours. Quand la liberté d’expression est rétrécie, le recours à la violence prend un boulevard.

Le FFKM et le président de l’Assemblée nationale tentent de sauver ce qui peut encore l’être en réunissant les candidats autour d’une table, mais on doute fort que cette dernière tentative aboutisse à quelque chose de positif.

Tout le monde a intérêt à reprendre ses esprits. Ce n’est pas le moment de faire un excès de zèle ou d’attiser les affrontements. On est assis désormais sur le fil du rasoir. Les dégâts risquent d’être incommensurables si on ne fait pas attention.

Sylvain Ranjalahy

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