En pétanque, un tel coup s’appelle un carreau. La boule du tireur prend exactement la place de celle de l’adversaire. Le couperet est tombé. La Fédération internationale de pétanque et de jeu provençal ( FIPJP) vient de suspendre pour deux ans de toute fonction dirigeante Amiroudine Andriamilerovason, président de la Fédération du sport boule de Madagascar.
Le différend entre la FIPJP et la FSBM dure au moins depuis deux ans. La FIPJP avait d’abord suspendu Madagascar pour une histoire de sous, de non remboursement de frais avancé. Les boulistes malgaches ne pouvaient pas participer aux compétitions internationales. Une sanction qui a été partiellement levée pour les juniors avant d’être maintenues. Cette fois la suspension est motivée par « le non-respect des directives et textes de la FIPJP, la diffusion d’informations erronées et controversées, la collusion avec des organisations ou des personnalités locales pour activités nuisibles à l’image de la pétanque… » Autrement dit, une violation des textes en vigueur et une ingérence des autorités politiques.
Cette situation nous ramène à vingt ans plus tôt lorsque le ministère des Sports avait suspendu la Fédération malgache de football de Jacques Benony en 2003 puis celle d’Ahmad en 2008. À chaque fois la FIFA avait remis le ministère des Sports à sa place. Visiblement on n’a pas retenu la leçon. L’indépendance des fédérations nationales n’est pas négociable et toute ingérence de l’État est frappée de suspension temporaire du pays indélicat. Et la FIFA n’est pas la seule à être intransigeante sur ce point. À preuve la FIPJP vient d’en faire autant. Dans un de ses précédents communiqués, la FIPJP avait nommément cité un fonctionnaire du MJS comme principal coupable de ce méli-mélo. Mais les communiqués n’ont visiblement aucun effet. Il a fallu utiliser la manière forte.
D’autres disciplines ont également fait l’objet d’une main mise politique à l’image du karaté. Selon certaines informations, la Fédération de karaté de Madagascar ferait également l’objet de sérieuses récriminations de la part de la WKF. Si des sanctions n’ont pas encore été prononcées, l’impossible participation des combattants malgache au dernier championnat du monde serait un sérieux indice de la désapprobation de la WKF.
Dans toute l’histoire, ce sont les athlètes qui ramassent les pots cassés. Quand on sait que les boulistes sont titulaires de plusieurs titres internationaux dont deux titres mondiaux en 1998 à La Réunion et en 2016 à domicile, on comprend mieux la frustration des boulistes et l’étendue du préjudice que de telles sanctions leur causent. Outre la suspension du président de la FSBM, Madagascar reste suspendu de toutes compétitions internationales après une liberté provisoire lors des Jeux des îles.
Moralité de l’histoire, la question de souveraineté n’a aucun sens dans les relations avec les fédérations sportives internationales. Soit on respecte les statuts, soit on reste à l’écart. C’est juste élémentaire.
Sylvain Ranjalahy