Coup d’épée dans l'eau

Les bruits ont circulé ces derniers temps sur une tentative de coup d’État fomenté par quelques officiers supérieurs. Certaines informations sont allées très vite en besogne en annonçant des arrestations démenties par les autorités militaires. Mais les faits semblent confirmés par la mise en détention préventive de deux colonels de l’armée à la maison de force de Tsiafahy après avoir été déférés au parquet hier. Tenus à l’œil depuis quelques temps, ils ont été trahis par leurs communications et leurs messages au téléphone et à travers les supports électroniques. L’un des deux colonels serait de la même promotion à l’Académie militaire d’Antsirabe que le colonel Mamadi Doumbouya, auteur du coup d’État contre le président guinéen Alpha Conde en 2021.

Une grosse somme d’argent a été évoquée pour soudoyer des chefs militaires. Outre les deux officiers, il devrait donc y avoir un sponsor assez costaud ou des connexions politiques. La suite de l’enquête mettra à nu ceux qui tiraient la ficelle derrière les rideaux.

Le coup a été tué dans l’œuf sans coup férir par les autorités. Les nouvelles technologies constituent une arme à double tranchant. Elles facilitent beaucoup de choses, y compris la traçabilité de toutes les activités et tout acte séditieux. Elles laissent des traces même si les auteurs effacent les communications compromettantes. Il est donc naïf de croire qu’on peut conspirer contre l’État sans se faire surprendre de cette façon. C’est d’autant plus évident que les Forces armées n’ont jamais autant soutenu le pouvoir légal qu’actuellement. Du moins, à en juger les différentes déclarations des chefs militaires pendant la période électorale. Tenter un coup d’État militaire ressemble à une action suicide même si c’est la tendance ces derniers temps en Afrique francophone. Les autorités devraient donc redoubler de vigilance étant donné que les têtes brûlées ont toujours existé au sein des Forces armées d’autant que beaucoup de voix ont fait appel à l’armée durant la campagne électorale. Pas plus tard qu’hier, une tentative de coup d’État militaire a secoué la Sierra Leone. Mais un pouvoir militaire n’a jamais été une solution aux problèmes des pays africains. La Guinée, le Mali, le Niger, le Gabon ne sont pas sortis de l’auberge après la prise du pouvoir par les militaires. La pénurie d’eau, le délestage, l’insécurité, l’inflation, la pauvreté, le chômage, l’épidémie, la baisse du niveau d’éducation ne trouvent pas une solution par un coup de baïonnette magique. Il faut élaborer une politique volontariste de développement et un vrai projet de redressement pour venir à bout de ces problèmes qui minent les pays africains. Depuis des années, les coups d’État font tanguer plusieurs pays de faux espoirs en désillusions. Le rêve finit  en naufrage.

Sylvain Ranjalahy

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