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| Antenaina Rabenandrasana, fondateur de Befiana Platform Corps. |
À l’heure où Madagascar tente d’accélérer sa transition numérique, un constat s’impose : malgré l’essor des réseaux sociaux, des applications mobiles et des services en ligne, le SMS reste le moyen de communication le plus utilisé. Largement préféré aux e-mails et aux applications en ligne, il s’impose comme un outil simple, fiable et adapté à un pays où l’accès à Internet reste très inégal. Selon un rapport de l’Instat en 2024, dans les zones urbaines principales de Madagascar, environ 79,6 % des ménages possèdent un téléphone mobile, contre 27,4 % dans les zones rurales. En parallèle, l’accès à Internet reste beaucoup plus faible : fin 2025, environ 6,71 millions de personnes, soit 20,4 % de la population, utilisaient Internet.
« La culture de l’e-mail n’est pas encore ancrée. Dans de nombreuses zones, envoyer un mail reste compliqué, tandis que le SMS touche tout le monde », constate Antenaina Rabenandrasana, fondateur de Befiana Platform Corps.
Cette tendance se confirme avec les résultats de la plateforme SMS by Befiana, qui vient tout juste de franchir le cap du million de SMS envoyés. Un volume correspondant à plus de
510 000 envois réels, réalisés par des centaines d’organisations : PME, ONG, écoles, assurances, commerces, e-commerce, institutions publiques. Pour le pays, selon l’Artec, environ 16 milliards de SMS ont été envoyés à Madagascar en 2022.
Les messages concernent principalement des rappels de paiement, des notifications internes, des alertes scolaires, des campagnes commerciales ou encore des confirmations de commande. Même les événements institutionnels majeurs, comme la Semaine de l’Industrialisation de la SADC (SIW 2025) ou le CEO Summit, s’appuient sur le SMS pour coordonner leurs communications.
On retrouve les détails sur https://www.sms.mg/
Pour Antenaina, la domination de ce canal n’a rien de surprenant : « Il faut partir des réalités du pays. On a encore près de vingt ans de retard numérique. Le SMS, c’est le socle le plus solide pour progresser». Dans les zones rurales, où l’envoi d’un e-mail reste parfois un défi, le SMS continue d’agir comme un lien essentiel entre les institutions, les entreprises et la population.
Un parcours inspirant
Derrière cette plateforme locale, on retrouve le parcours atypique d’Antenaina Rabenandrasana, originaire de Befiana, un petit village du Nord du pays, dans le district de Vohémar. C’est là qu’il découvre l’informatique, avant de décider, après le bac, de partir à Antananarivo pour se former en autodidacte. Il fréquente les cybercafés, apprend via des tutoriels, construit ses premiers sites web et aide des artistes à gagner en visibilité.
En 2017, à seulement 17 ans, Antenaina décroche sa première mission grâce à un groupe qui lui fait confiance, une étape déterminante. « Quand une opportunité arrive, même si on ne maîtrise pas tout, il faut oser. C’est en avançant qu’on apprend. L’audace finit toujours par payer », confie-t-il.
Cette première expérience lui ouvre la voie. Il enchaîne les projets, développe ses compétences et construit peu à peu sa crédibilité. En 2022, il installe son premier box à Ankorondrano, un pari modeste mais symbolique. Aujourd’hui, il dirige une équipe de 18 collaborateurs et poursuit une ambition claire : « Créer une innovation locale capable de répondre aux besoins réels des Malgaches ».
Son parcours démontre qu’avec persévérance, autodidaxie et ténacité, les jeunes Malgaches peuvent jouer un rôle central dans la construction du numérique de demain.
Irina Tsimijaly
