CONJONCTURE - Les projets de la Banque mondiale maintenus

La Banque mondiale maintient ses vingt-trois projets à Madagascar, pour un total de 4 milliards de dollars, malgré la crise politique et les changements gouvernementaux.

Atou Seck, représentant de la Banque mondiale à Madagascar lors d’un déjeuner de presse.

Malgré les récents changements politiques à Madagascar, la Banque mondiale affirme que ses projets en cours sur l’île se poursuivent normalement. Selon Atou Seck, représentant de l’institution à Madagascar, présent hier lors d’un déjeuner de presse avec les journalistes, aucun projet n’a été suspendu durant la crise et les manifestations. Seuls les décaissements ont été temporairement mis en pause, le temps que le gouvernement et le ministère des Finances soient pleinement opérationnels. Les activités ont repris normalement depuis le 12 novembre.

La Banque mondiale dispose actuellement d’un portefeuille de 23 projets, pour un total de 4 milliards de dollars, couvrant quatre grands secteurs : énergie, eau, transport et numérique. Dans l’énergie, la Jirama bénéficie de plus de 100 millions de dollars via les programmes LEAD (Least-Cost Electricity Access Development) et DECIM (Digital and Energy Connectivity for Inclusion in Madagascar). Le secteur fait face à un déficit financier de 90 milliards d’ariary par mois, à une dépendance aux combustibles fossiles représentant 54 % des charges et à des pertes sur le réseau estimées à 30 %. L’accès à l’électricité reste limité : 36 % de la population y a accès, et seulement 11 % dans les zones rurales.

Projets stratégiques

Pour le secteur de l’eau, la Banque mondiale finance plusieurs projets clés, comme le PAAEP (urbain), le MIONJO (rural) et le PRRC, qui visent à améliorer la capacité de production d’eau potable, à réhabiliter les infrastructures existantes et à sécuriser l’approvisionnement pour plusieurs centaines de milliers de ménages. À Antananarivo, la capacité actuelle est de 200 000 m³/j pour un besoin de 300 000 m³/j, créant un déficit de 100 000 m³/j. 

La Banque contribue également à la mise en place de 185 000 branchements à tarifs sociaux et à l’amélioration de 522 centres de santé grâce à l’énergie solaire.

Dans le secteur numérique, le projet DECIM, doté de 375 millions de dollars — dont 140 millions pour le digital et 235 millions pour l’électricité — finance l’extension de la connectivité rurale et l’inclusion numérique, notamment par la distribution de 600 000 terminaux abordables et la formation de 5 700 jeunes aux compétences numériques avancées. Selon Atou Seck : « La Banque mondiale est très flexible. Si un projet ne correspond plus aux priorités du gouvernement, nous pouvons le restructurer ou réallouer les budgets pour répondre aux besoins de la population. »

Enfin, la Banque mondiale appuie également le transport et les infrastructures routières à travers les projets PCMCI et PDDR, qui incluent la réhabilitation des routes principales, la construction de ponts modulaires et l’amélioration de la résilience des infrastructures face aux risques climatiques. Parmi les travaux en cours, la RN31 affiche un avancement physique de 18,8 %, et la reconstruction de la RN10 ainsi que celle de plusieurs ponts modulaires est programmée jusqu’en 2027.

 Irina Tsimijaly

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