Le personnel administratif, technique et les enseignants vacataires dénoncent des injustices liées au logement universitaire. Ils mettent en cause une instrumentalisation de la situation.
| Le gymnase couvert est devenu un lieu de refuge provisoire des personnels administratif et technique et des vacataires de l'Université. |
Ils sont quatre-vingt-dix-sept sinistrés, issus de trente foyers, à avoir trouvé refuge dans le gymnase couvert de l’Université d’Antsiranana. Certains ont pu sauver quelques effets personnels non pillés pendant les affrontements avec les étudiants, tandis qu’une dizaine partagent aujourd’hui cet espace devenu leur unique abri.
Faute de lits et d’équipements de base, beaucoup dorment à même le sol, au bord du terrain de basket. Parmi eux, plusieurs enseignants considérés, à tort ou à raison, comme responsables, se retrouvent dans la même détresse. Leur situation est d’autant plus critique que nombre d’entre eux n’ont aucune famille à Antsiranana pour les accueillir.
Sans marmite pour cuisiner, privés du minimum vital, ils décrivent des conditions de vie intenables dans ce gymnase, où ils ont été contraints de s’installer après la dégradation et l’incendie de leurs logements, ainsi que le pillage de la plupart de leurs biens. Tous partagent le même constat : ce que les étudiants les ont fait subir, est profondément injuste. Les personnels administratif et technique et des enseignants vacataires relogés au gymnase affirment qu’ils occupaient les logements universitaires en toute légalité, sur la base d’accords écrits signés avec l’administration de l’université.
Illégale et arbitraire
Ces bâtiments, selon eux, n’avaient jamais été habités par des étudiants, car ils étaient vétustes et inhabitables. Les occupants les avaient eux-mêmes rénovés, conformément au contrat stipulant que « toute personne entrant dans un logement devait le réhabiliter à ses frais ».
« Celui qui entrait devait remettre la maison en état, poser une porte, et repartait avec ce qu’il avait apporté. Comme convenu, les toits devaient être faits en sachets, pas en tôle, ce qui explique les fuites à chaque saison des pluies », expliquent-ils.
Ils dénoncent donc une expulsion qu’ils jugent illégale et arbitraire. « Nous sommes entrés avec des papiers officiels, nous devrions en sortir avec des papiers officiels. Les étudiants n’ont aucune autorité pour décider de notre départ », insistent-ils. Cependant, aujourd’hui, la peur s’est installée. Plusieurs d’entre eux redoutent de retourner sur le campus à cause de menaces reçues. Ce climat de tension risque, selon eux, de détériorer durablement les relations entre étudiants et personnels.
Les agents rappellent également que certains d’entre eux ont légalement droit à un logement au sein du campus, en raison de la nature de leur travail- notamment les gardiens, plombiers et électriciens- qui doivent être disponibles en cas d’urgence. De plus, plus de 60 % des cours de l’université sont assurés par des enseignants vacataires, dont la plupart perçoivent des revenus trop faibles pour louer ailleurs.
Raheriniaina