MEDIA - La révision du code de la communication sur les rails

Le code de la communication médiatisée s’apprête à être révisé à nouveau. Le gouvernement veut répondre aux critiques persistantes du secteur des médias.

La célébration du 3 mai à Mahajanga samedi.

Le code de la communication médiatisée va faire l’objet d’une nouvelle révision, près de dix ans après son élaboration. Le ministère de la Communication relance officiellement le chantier en organisant ce jour, à Nanisana, une séance de consultation avec les acteurs du monde médiatique. Une initiative accueillie comme une nécessité dans une profession où les inquiétudes demeurent quant à la liberté de la presse et à la protection des journalistes.

Adopté en 2016, le texte n’a en effet pas produit les résultats escomptés. Malgré l’existence du Code, plusieurs journalistes ont continué à faire l’objet de poursuites pénales de droit commun, notamment sous le chef d’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État. Or, dans l’esprit de la profession, les infractions liées à l’exercice du métier devraient relever du délit de presse et être traitées devant la juridiction civile, afin d’éviter toute instrumentalisation politique. Cette révision vise donc à sécuriser la pratique journalistique en clarifiant ce principe.

Plus d’autonomie pour l’OJM

Les discussions portent également sur le statut de l’Ordre des journalistes de Madagascar. Longtemps placé sous la tutelle du ministère de la Communication et de la Culture, l’OJM dispose de prérogatives limitées, ce qui nourrit un sentiment d’insuffisance dans la capacité de l’institution à protéger la profession. Les journalistes plaident pour un Ordre véritablement indépendant, doté de pouvoirs accrus et de moyens renforcés en matière de régulation, de discipline et de défense des droits professionnels. Une réforme en ce sens constituerait un tournant majeur dans l’organisation du secteur.

L’avenir de l’Office de la radio et de la télévision malagasy constitue un autre point sensible. L’ORTM, média public encore placé sous tutelle ministérielle, ne garantit pas toujours le pluralisme politique ni l’indépendance éditoriale que requiert son statut de service public. La révision du Code devrait ainsi permettre d’envisager un modèle qui protège davantage l’autonomie rédactionnelle, tout en assurant un accès équitable à l’information pour toutes les sensibilités politiques.

Certaines dispositions jugées restrictives devront également être revues, notamment l’article 19 qui interdit la publication non autorisée de documents internes aux institutions. Cette disposition, destinée officiellement à préserver l’ordre public, est régulièrement dénoncée comme une entrave à l’investigation journalistique, susceptible d’être détournée pour étouffer des révélations gênantes.

Si la relance du processus suscite un nouvel espoir, la véritable épreuve restera toutefois celle du Parlement. Lors des précédentes révisions, plusieurs attentes des professionnels avaient été écartées lors du vote final, affectant la portée des avancées initialement prévues. Cette fois encore, journalistes et organisations du secteur se préparent à défendre leurs acquis afin que la réforme contribue enfin à un environnement médiatique plus libre et conforme aux principes démocratiques.

Tsilaviny Randriamanga

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