Bid... get

L’objectif d’une loi de finances est d’abord de réaliser le programme de développement de l’État, permettre une croissance de l’économie afin de dégager un bénéfice afin de pouvoir construire des routes, des écoles et des hôpitaux en priorité. Peuvent suivre des caprices divers pour joindre l’agréable à l’utile, pour chloroformer la population avec du pain et des jeux.

L’équation est alors très simple, du moins, à la portée d’un élève ayant quitté le premier cycle du niveau secondaire. Les dépenses prévues dans le budget doivent être l’équivalent des recettes.

Les ressources de l’État sont constituées par les impôts et taxes, les recettes d’exportations des produits de l’agriculture, de l’industrie, des extractions minières, de la pêche, du tourisme... Tous ces secteurs génèrent des revenus estimés à des milliards de dollars. En principe, l’État devrait être très riche et autonome dans le financement de ses projets. Depuis quarante ans, les dépenses ont toujours été supérieures aux recettes malgré les différentes réformes et mesures de redressement imposées par les bailleurs de fonds. Comme les recettes fiscales, les taxes douanières, les recettes d’exportations ont subi régulièrement les méfaits de la corruption, les détournements de fonds et d’autres malversations, les comptes sont toujours débiteurs.

L’État vit au-dessus de ses moyens et demande au secours aux bailleurs de fonds. Ainsi depuis au moins vingt ans, 80% du budget vient de l’aide budgétaire étrangère. Mais en échange, l’État doit accepter des engagements précis et solennels. Des conditions forcément impopulaires et contraignantes. On avait commencé par la dévaluation de la monnaie de 25% de sa valeur en 1982 pour favoriser l’exportation. Puis des taxes d’importation de 20% ont été affublées sur certains produits comme le riz, les médicaments, entre autres... La situation ne s’est jamais améliorée malgré le niveau de croissance à certaines périodes quand un mouvement de la rue venait déraciner le pouvoir en place. Tout simplement parce que la croissance ne concernait que quelques apparatchiks du pouvoir, certains comptes dans les banques offshores.

On semble revivre exactement la même situation qu’il y a quarante ans à la lumière du projet de loi de finances soumis à l’appréciation de l’Assemblée nationale. On y retrouve toutes les mesures dont les conséquences ont accentué la pauvreté de la population. Seule nuance, on ne parle plus de dévaluation, étant donné que l’ariary dégringole sans qu’il soit nécessaire de la torturer. 

Certes, une augmentation de 26% de la masse salariale y figure mais elle est tout de suite diluée par le niveau de l’inflation et la hausse incessante du prix des produits de base.

Si l’objectif du budget est ainsi de réduire l’écart social et d’améliorer les conditions de vie des plus vulnérables, les mesures annoncées dans ce projet de loi de finances sont loin d’y contribuer. Il s’agit d’une nouvelle ponction publique.

À partir du moment où on a choisi de rester dans l’ordre constitutionnel pour continuer de bénéficier de l’aide budgétaire, on n’a pas d’autre alternative que de proposer ce projet déjà conçu bien avant le révolution GEN Z.

Les députés se trouvent ainsi devant un gros dilemme. Adopter ce bid... get synonyme de récession économique ou pour une fois le rejeter au nom du changement. Bon courage.

Sylvain Ranjalahy

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