SOLUTION À LA CRISE - Le dialogue inévitable

Face à l’impasse dans laquelle se trouve la nation, la recherche d’une solution à la crise actuelle passe par la voie du dialogue. Le président de la République affirme être ouvert à cette démarche.

Face à face entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Le dialogue. Cette voie s’impose afin de trouver une solution à la tension institutionnelle et sociale actuelle. Le dialogue pour éviter que Madagascar ne s’enlise encore plus dans une crise multidimensionnelle.

Dès le début des manifestations, suivies des pillages, le 25 septembre, les voix internationales ont appelé au dialogue. La Commission de l’océan Indien (COI) à travers son Secrétaire général, Edgard Razafindravahy, les Nations Unies, l’Union Africaine (UA), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), et les chancelleries du bloc occidental abondent dans ce sens. Jeudi, ces dernières ont réaffirmé leur appel “aux parties prenantes à s’engager dans un dialogue constructif afin de surmonter la situation actuelle de manière pacifique”.

Hier, un groupe d’anciennes figures de la scène politique, académique et militaire a, lui aussi, appelé au dialogue dans une déclaration. Jeudi, à Iavoloha, les chefs des Églises au sein du Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) ont rencontré Andry Rajoelina, président de la République.

Dans une déclaration, hier, le FFKM affirme “être prêt à répondre aux appels pour être des Raiamandreny, médiateurs, pour le rapprochement de toutes les parties prenantes”. Selon Monseigneur Jean de Dieu Raoelison, archevêque d’Antananarivo, qui assure la présidence tournante du Conseil œcuménique, l’Église est disposée à écouter tout le monde “pour parvenir au dialogue”. Le FFKM soutient toutefois que “pour permettre le dialogue, l’apaisement est nécessaire”.

Pour l’heure, la forme sous laquelle se tiendra ce dialogue n’est pas définie. Néanmoins, les voix convergent dans le sens qu’il s’agit du seul chemin pour une issue pacifique à la situation. Dans une déclaration sur sa page Facebook, hier, le chef de l’État a réaffirmé être ouvert au dialogue et à écouter toutes les parties prenantes. Selon ses dires, outre le FFKM, il a également rencontré des représentants de la communauté internationale, des bailleurs de fonds et de la société civile, jeudi.

Dans cette déclaration d’hier, Andry Rajoelina a réitéré son appel au dialogue, en soutenant : “Il n’y a pas de trouble, de guerre ou de rivalité qui ne puisse se résoudre autour d’une table.” Il ajoute que personne, encore moins lui, “ne souhaite voir le pays s’effondrer ou bien qu’il y ait une guerre civile dans notre chère patrie”. Le président de la République a aussi présenté, une nouvelle fois, ses excuses quant aux dysfonctionnements dans la conduite des affaires publiques. S’adressant aux manifestants, il déclare : “Nous devons nous écouter. Je suis prêt à vous écouter.”

La seule voie

Le locataire d’Iavoloha ajoute : “Les revendications peuvent être formulées dans un cadre propice au dialogue, à l’écoute mutuelle, à la recherche de consensus, et non pas forcément dans la rue.” Il appuie ses propos sur le fait qu’il est aussi nécessaire d’éviter de perturber le quotidien des gens qui ne manifestent pas et qui subissent pourtant la situation actuelle. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, la Gen Z, qui a initié les manifestations de ces derniers jours, pose des préalables aux propos présidentiels.

La Gen Z “exige des actions concrètes dans les 24 heures”, à savoir l’arrêt des violences et “l’accès inconditionnel des manifestants dans tout Madagascar à des zones sécurisées de dialogue et d’expression citoyenne”. Au regard des faits d’hier, sur le terrain, le bras de fer entre les manifestants et les forces de l’ordre se poursuit. Sur le plan institutionnel, la situation est toujours bloquée également.

Jusqu’à l’heure, les députés de la majorité, qui jouent l’ouverture avec les autres groupes parlementaires, n’auraient pas encore présenté un ou des noms pour être nommés Premier ministre. Les élus de l’opposition ayant opté de s’aligner aux revendications de rue. Les manifestants réclament la démission du président de la République. Certains slogans veulent une remise à plat des institutions républicaines. Ce qui impliquerait de sortir du cadre constitutionnel. Toutefois, il n’y a aucune proposition d’alternative ni de solution sur le futur du pays.

S’embourber dans un bras de fer risque de mettre à genoux la situation socio-économique du pays. Déjà, après une semaine de crise, l’économie est pratiquement à l’arrêt. L’option extra-constitutionnelle peut, par ailleurs, conduire à une suspension des appuis financiers internationaux, et même des projets déjà en cours - ceci jusqu’à un retour à l’ordre constitutionnel. À l’instar de la dernière Transition, il y a toujours un risque qu’une situation extra-constitutionnelle s’enlise.

À entendre les différentes déclarations de ces derniers jours, tous s’accordent sur un point : il est impératif de solutionner rapidement la crise actuelle pour éviter que Madagascar ne coule. Au regard de la situation, le dialogue apparaît désormais comme la seule voie capable de rapprocher les positions et de préserver l’avenir du pays.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Un référendum pourraient sortir le pays de cette situation, en particulier pour régler le problème de l'immunité et de l'impunité des élus et hauts fonctionnaires. Cela pourrait rassurer la population. L'ancienne présidente de l'assemble nationale, Christine Razanamahasoa pourrait assurer la transition après le départ du Français. Ces deux mesures rassuraient immédiatement les bailleurs internationaux et mettraient fin aux événements.

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