RIZIÈRE DE LANIERA - Des paysans s’attendent au pire

Les paysans s’attendent au pire, plus de quatre-vingt mille personnes vivent des activités à Laniera.

« On nous a promis l’autosuffisance alimentaire alors que l’on remblaye des hectares de rizières », se désole Tafita, un paysan qui a vu 32 ares de sa parcelle être ensevelis sous des tonnes de poussière. Il nous parle de ce qui fut autrefois sa rizière. Sur les 310 hectares de la rizière de Laniera, plus de 1 300 toits et plus de 80 000 personnes dépendent directement ou indirectement des activités rizicoles. Cependant, depuis plusieurs mois, la saison culturale a été perturbée par les activités incessantes de remblais. « Plusieurs cultivateurs ont arrêté de travailler la terre de peur d’être aussi touchés par les remblais qui ont eu lieu ici, voilà maintenant plusieurs mois. On produit 7 à 8 tonnes par hectare sur cette rizière, cela signifie que nous sommes parmi les plaines qui produisent le plus de riz pour Antananarivo. Mais maintenant, nous redoutons d’être obligés d’acheter du riz pour notre propre consommation, alors que nous fournissions des collecteurs et des marchés d’Antananarivo et de ses périphéries », explique Tafita. Avec Jean Louis, il est membre de l’Union des producteurs de Laniera. Il s’agit d’une association fondée par un collectif de paysans disposant de parcelles cultivables sur ce versant de la plaine de Betsimitatatra.

Confusion

D’après Jean Louis, qui est aussi le premier responsable de l’irrigation, des opérateurs du secteur privé lorgnent aussi sur ces rizières, profitant de la confusion avec les projets présidentiels menés sur cet axe stratégique. « Les engins et bulldozers sont partis, mais il y a déjà eu depuis quelques jours des gens qui sont venus remettre des piquets sur ces parcelles remblayées, pensant pouvoir reprendre la main une fois la tension sociale et politique redescendue », s’alarme-t-il. Selon lui, plus de quinze mille tonnes de riz sont fournies par cette rizière. « Il s’agit de l’un des versants du Betsimitatatra qui produit le plus de riz. Nous avons été accompagnés par des porteurs de résilience rizicole, ce qui nous a aidés à produire plus. D’ailleurs, je pense que pour cette partie de l’Avaradrano, et même pour d’autres circonscriptions, la production de riz à Laniera pourrait suffire pour combler les besoins saisonniers de la population ». 

Mais les grands projets immobiliers ont eu raison de plusieurs hectares de terrain. « Les remblais ne tenaient pas compte de l’adduction d’eau pour les rizières et ont fini par obstruer des canaux d’irrigation qui sont vitaux pour la riziculture sur cette parcelle. Ici, près de cette autoroute, ils ont remblayé 4 hectares de terrain alors que le riz n’attendait plus que quelques jours avant d’être prêt pour la récolte. Cela perturbe le calendrier cultural et il faudra s’attendre à des retards, voire à des manques à combler pour les riziculteurs », regrette-t-il.

Itamara Otton 

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