MARCHÉ - La compétitivité reste le principal obstacle

Le potentiel agricole de Madagascar est considérable, mais le pays rencontre des difficultés sur les marchés mondiaux. Le girofle, l’un de ses fleurons, illustre parfaitement cette situation. Malgré une production régulière et une qualité reconnue, le pays reste confronté à un enjeu majeur : la compétitivité.

Pour des pays comme l’Indonésie, premier consommateur mondial de girofle, et afin de rendre ses produits plus compétitifs sur le marché, le pays a adopté une stratégie commerciale visant à simplifier la collecte de la production : le séchage et le tri sont désormais réalisés directement par les producteurs. Cette organisation limite les risques et permet d’offrir un produit à la fois uniforme et de qualité sur le marché. En revanche, pour la Grande Île, ce sont les exportateurs qui s’occupent de ces étapes, prenant sur eux l’ensemble des coûts et des risques. Résultat : le girofle malgache devient plus cher et moins compétitif face à des concurrents mieux structurés.

«Il est important d’adopter certaines méthodes indonésiennes pour que notre girofle soit mieux valorisé à l’international, notamment sur des marchés clés comme la Chine», explique Nissi Randriamanana, opérateur de girofle. Selon lui, la compétitivité ne se limite pas au prix : la qualité, le tri et la présentation du produit sont essentiels pour convaincre les acheteurs étrangers.

Potentiel réel

Madagascar produit en moyenne 17 000 tonnes de girofle par an, dont 12 000 tonnes sont exportées  vers l'Inde et 5 000 tonnes exportées vers les États-Unis, l’Europe et certains pays arabes. Le pays dispose d’atouts importants : des terres cultivables encore abondantes et une agriculture à grande échelle. La production pourrait donc facilement augmenter, mais sans mesures pour améliorer la compétitivité, ces volumes supplémentaires risquent de ne pas se traduire en gains pour les producteurs et exportateurs.

Selon Barnabé Rakotondrina, représentant de l’Ambassade d’Indonésie, chef de la délégation pour le voyage économique organisé par l’ambassade récemment pour les opérateurs malgaches, ces derniers ont justement pour objectif de montrer comment développer de nouveaux débouchés à l’export. «Il ne s’agit plus seulement de savoir quels produits importer, mais de chercher des opportunités commerciales concrètes», précise-t-il.

Le girofle nécessite sept ans avant de donner sa première récolte, un investissement long mais stratégique. Pour que Madagascar conserve sa place sur le marché mondial, il faudra combiner qualité, méthodes de tri et de séchage efficaces, et stratégie commerciale claire. Si ces conditions sont réunies, le girofle peut redevenir un véritable atout économique, capable de renforcer la position de Madagascar sur la scène internationale.

Irina Tsimijaly

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