LOI DE FINANCES 2026 - Le budget de l’État à refaire

Selon la Constitution, la 2e session du Parlement est principalement consacrée à l’adoption de la loi de finances. Il pourrait s’avérer nécessaire de revoir entièrement le texte.

Photo de la séance d’ouverture de la session budgétaire à l’Assemblée nationale, hier.

En pointillé. Alors que la session budgétaire démarre, certains au sein du microcosme politique et économique s’interrogent sur ce qu’il en sera du projet de loi de finances 2026. Après les péripéties traversées par le pays dernièrement, il est probable que le texte budgétaire fasse l’objet d’une révision de fond en comble avant d’être présenté à l’Assemblée nationale et au Sénat.

La lettre de cadrage du projet de loi de finances 2026 a été adoptée en Conseil des ministres, par la précédente administration, le 17 septembre. Une prévision de taux de croissance de 4,8 %, par exemple, a été annoncée pour l’année prochaine. Cependant, la crise politique a sensiblement impacté la situation socio-économique du pays. Il y a eu les pillages dont les pertes sont évaluées à près de 200 milliards d’ariary. À cela s’ajoutent les emplois perdus.

Le ralentissement des activités économiques, ces dernières semaines, a impacté les recettes fiscales. Avec les grèves, notamment des douaniers, il faut prévoir une réduction des recettes douanières. Il est probable que la prévision de croissance ou encore celle des recettes étatiques soit revue à la baisse. L’éventualité que la lettre de cadrage du projet de loi de finances prenne aussi en compte les décaissements des aides budgétaires du Fonds monétaire international (FMI), par le biais de la Facilité élargie de crédit (FEC), et de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).

Priorités

Les institutions de Bretton Woods ne se sont pas prononcées suite au changement de pouvoir dans le pays, jusqu’à l’heure. Il est probable, toutefois, qu’elles ne soient pas indifférentes aux réactions sévères des Nations unies et surtout de l’Union africaine. Néanmoins, la présence massive des ambassadeurs des pays partenaires de Madagascar à la prestation de serment du nouveau chef de l’État, vendredi, permet un certain optimisme quant à la position de la communauté internationale.

Par ailleurs, au-delà de la politique et de la diplomatie, le décaissement de la FEC et de la FRD se base sur des conditionnalités strictes. De prime abord, l’État est dans l’expectative sur la question des relations internationales du pays pour l’heure. Il serait alors hasardeux, au regard de la conjoncture actuelle, de tabler le budget étatique sur les aides étrangères. Du reste, le pays est toujours en attente d’un gouvernement.

Il n’est pas à écarter que la mise en place de la nouvelle structure gouvernementale s’accompagne d’un nouvel organigramme du gouvernement. Dans ce cas, une révision s’impose. Puisqu’en principe la répartition budgétaire prévue dans le projet de loi de finances confectionné par la précédente administration se base sur la structure de l’équipe gouvernementale sortante. Le texte budgétaire devra aussi refléter les nouvelles priorités tracées par les nouveaux tenants du pouvoir.

Dans son discours de prestation de serment, le colonel Michaël Randrianirina, chef de l’État, a déclaré : « Afin d’assurer une gestion saine et responsable des finances publiques, nous nous engageons à mettre en place une politique de sobriété budgétaire en limitant les dépenses publiques aux besoins prioritaires et vitaux de la population ». Il a notamment indiqué que les efforts « à court terme » seront de résoudre les problèmes de l’énergie, de l’éducation et de la santé publique. Le projet de loi de finances devrait ainsi refléter cette ligne affirmée.

Garry Fabrice Ranaivoson

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