Le piège de la normalisation

Trop jeune en 1972 ; «Gen Z» d’une génération X déjà désabusée le 10 août 1991 ; «Merina qui soutenait Ratsiraka pour une transition douce» en 2002 ; stupéfait que tant de gens aient pu écouter et croire les sornettes de 2009.

Seize ans plus tard, non sans avoir un moment espéré que le «Hetsika Fotsy» de 2023 ne soit pas un jeu de dupes, c’est bien la première fois que je suis solidaire d’un mouvement de rue. Sans doute parce qu’il est initié par une jeunesse qui nous change du retournement de veste et du recyclage permanent de ceux qui ne furent pas pour rien dans la situation du pays. 

La vraie-fausse levée du couvre-feu sur la Capitale donna lieu à un soulagement ambigu. Tandis que la plupart des commerces sont cadenassés de jour, de peur des mêmes pillards commandités le 26 janvier 2009 et le 25 septembre 2025, l’on prétendrait vivre comme si de rien n’était dès crépuscule et jusqu’à l’aube.

Comme si, il y a quelques heures à peine, et depuis quinze jours, le maintien de l’ordre, totalement absent au soir du 25 septembre, ne donne pas lieu à des exactions pudiquement qualifiées de «bavure». Comme si la dignité même du pouvoir n’était pas suprêmement ridiculisée par une mise en scène qui ne trompe plus personne. Comme si tout pouvait revenir au statu quo ante sinon l’énième promesse qui ne tient qu’aux derniers fanatiques de service. 

Lever le couvre-feu, c’était faire croire que tout est normal. Restaurer le couvre-feu rappelle combien le pays est en crise, morale, sociale, politique. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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