Les forces de l’ordre ont empêché les étudiants de Maninday d’accéder au centre-ville de Toliara. |
La cité du Soleil a vécu une nouvelle journée sous tension. Ni les manifestants ni les forces de l’ordre n’ont cédé, dans un face-à-face qui s’est prolongé jusque tard dans l’après-midi.
Dès 8 heures, des étudiants vêtus de tee-shirts noirs ont quitté le campus de Maninday pour tenter de rejoindre la place Monja Jaona, au centre de Toliara. Leur objectif : faire entendre leurs revendications contre les conditions de vie étudiante. « Nous avons déjà annoncé que nous poursuivrions notre combat », explique l’un d’entre eux. Les forces de l’ordre ont bloqué leur avancée au niveau de Besasavy, devant l’aumônerie catholique.
Très vite, des heurts éclatent. Des pierres sont lancées. Un président d’association estudiantine est arrêté, suivi de quatre autres étudiants. Au total, sept personnes supplémentaires ont été interpellées dans la journée par les forces mixtes postées à Besasavy et à Maninday. Jusqu’à 17 heures, ni les étudiants ni les forces de sécurité ne cèdent du terrain. Ce n’est qu’à l’issue de négociations que l’Organe mixte de conception (OMC) Atsimo-Andrefana décide la libération du président de l’association et de cinq autres étudiants. Les individus arrêtés qui ne sont pas reconnus comme étudiants restent, eux, en garde à vue.
Une ville paralysée
L’effet boule de neige s’est rapidement fait sentir. Le grand marché de Scama, à cheval entre Betania et Ankilifaly, est resté fermé toute la journée. Les marchands de légumes, épiciers et grossistes ont préféré suspendre leurs activités par crainte de débordements. Tous les établissements scolaires de la circonscription de Toliara I ont gardé porte close. Les commerces, y compris les grandes surfaces et les quincailleries, n’ont pas ouvert. Une seule banque a fonctionné dans la matinée, en ouvrant guichets et distributeurs, alors que les autres établissements bancaires sont restés fermés. Aucun cash point n’était accessible.
La mobilisation ne s’est pas limitée aux étudiants. Devant la statue de Monja Jaona, en bord de mer, un groupe de jeunes entrepreneurs brandissait des pancartes. « C’est pour nous et nos enfants. Nous revendiquons nos droits à la santé, à l’éducation, à l’électricité et à l’eau potable. Nous lançons un SOS pour la RN7 et disons non à la corruption », déclare Gaël Mamonjy, cofondateur de l’entreprise Raiky.
Mirana Ihariliva