TENNIS - Entre héritage et quête de renouveau

De l’âge d’or des Randriantefy aux défis d’une jeunesse en quête d’avenir, le tennis malgache navigue entre souvenirs glorieux et espoirs de reconstruction, et tente de retrouver son éclat.

Les membres de l’équipe nationale à la Coupe Davis 2025.

Né dans les cercles privés d’Antananarivo et de Toamasina au début du XXe siècle, le tennis à Madagascar a longtemps été le privilège d’une minorité. À l’époque, la raquette symbolisait davantage une appartenance sociale qu’une passion sportive. Il faudra attendre les années 1990 pour voir la discipline franchir un cap, avec la création de la Fédération malgache de tennis (FMT) en 1991 sous l’impulsion de Serge Ramiandrasoa.

Président durant quatre mandats, il a donné ses lettres de noblesse au tennis malgache. Sous sa direction, Madagascar a brillé sur les courts africains, notamment grâce aux sœurs Dally et Natacha Randriantefy, ainsi que Nomena Raharinosy et Hary Manohisoa. Le titre de meilleur entraîneur d’Afrique fut même attribué à Max Randriantefy, preuve de la vitalité d’une école malgache reconnue.

Les Randriantefy ont marqué l’histoire : participation aux Jeux Olympiques de Barcelone (1992), Atlanta (1996) et Athènes (2004), classement WTA dans le top 50 pour Dally. Dans un ouvrage, Ramiandrasoa rappelait que « les performances sportives ne se gagnent pas uniquement sur les courts, mais aussi dans les relations tissées avec les décideurs du tennis mondial ».

Cette ouverture internationale, soutenue par des partenaires tels que Jirama, Air Madagascar ou Telma, permit au tennis malgache d’exister sur la carte mondiale.

 Mais à partir de 2005, le déclin s’amorça. L’élan de la décennie précédente ne trouva pas de relais solide, et la fédération dut même traverser des périodes de crise, avec une délégation spéciale installée pour redresser la situation.

Relance, crises et espoirs

De Stéphane Rasolondraibe, qui s’attela à apurer les dettes de 44 000 dollars entre 2010 et 2012, à Tsialiva Rajaobelina (2013-2017), plusieurs dirigeants ont tenté de restaurer la crédibilité de la FMT, avec la venue du président de la Fédération internationale de tennis David Haggerty sous la présidence de Tsialiva Rajaobelina.

Quelques réussites ponctuelles jalonnent cette période : montée en Groupe II de la Coupe Davis en 2010 puis en 2016, performance historique aux Jeux des îles de La Réunion en 2015 (cinq médailles d’or sur cinq), et reconnaissance internationale avec la nomination de Naina Razatovo comme premier juge-arbitre international malgache, ou encore Dina Razafimahatratra, coach ITF niveau 3 et DTN de 2013 à 2020.

Cependant, la pandémie de Covid-19 stoppa net les efforts entrepris. Rejeté jusqu’au Groupe V de la Coupe Davis en 2021, Madagascar dut repartir de très bas.

 Aujourd’hui, l’espoir repose sur des joueurs tels que Lucas Andriamasilalao, Antso Rakotondramanga, Dylan Andrianaly, Valentin Rakotondrasoa ou Sampras Rakotondrainibe, rejoints par une vague encore plus jeune: Mirija Andriantefihasina, Toky Ranaivo, Iriela Rajaobelina, Mirindra Razafinarivo, Elisoa Andriantefihasina, Ravaka Ramanantonina, Mialy Ranaivo, Soa Ainatia Andriamaniraka et Mahefa Anthony Rakotomalala…

 « La seule vraie alternative pour les joueurs malgaches, c’est de se tourner vers le tennis universitaire, où l’objectif d’être boursier est un projet réaliste et gratifiant pour les joueurs. Le monde du tennis déborde de gens passionnés. Des vrais passionnés qui sont plus bénévoles que salariés », confie Dina Razafimahatratra, premier Malgache membre du comité de développement des compétitions pour les jeunes au niveau de la Confédération africaine de tennis.

Selon lui, place au travail pour tenter de suivre le développement du tennis mondial qui ne cesse de monter d’un cran au fil des années.

 Héritier d’un âge d’or qui a porté haut les couleurs nationales, le tennis malgache avance désormais dans l’espoir que ses nouvelles générations transforment la passion d’hier en réussites de demain.

Donné Raherinjatovo

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