L’hippodrome de Bevalala est en train de disparaître rapidement et sûrement. Propriété de la Société d’Encouragement de Tananarive (SET) depuis les années 80, où les courses de chevaux ont dû déménager quand les gradins masquaient une bonne partie des épreuves à Mahamasina. Plusieurs dirigeants se sont succédé à la SET, mais l’hippodrome n’a jamais fait l’objet d’une vente. Dans les années 90, la société Mahaurao utilisait l’hippodrome, relayé par l’Ahcel jusqu’à cette année. Mauvaise surprise depuis quelques jours avec l’apparition de prétendus propriétaires. Ils ont tout de suite clôturé l’enceinte. L’Ahcel a bien évidemment porté plainte. L’audience a eu lieu la semaine passée et le verdict est attendu dans quelques mois. Curieusement, les travaux continuent à Bevalala sans attendre la décision du tribunal. Et l’affaire semble irréversible. Seul espoir des amoureux des chevaux : une intervention du ministre de l’Aménagement du territoire, qui en fait partie et dont les parents étaient propriétaires d’une célèbre écurie de pur-sang.
C’était l’époque de gloire des courses de chevaux à Mahamasina, où chaque week-end était le rendez-vous de la jet-set tananarivienne pour admirer les cracks comme Baovola, Gélinotte, Irose Faniry, Madrigal, Orimbatofaniry, Saburo, Kan Travally, Mimi Larousse, Ringo Star, Rolling Star, Miarimbola, Nan San, Rish Vola, Lansquedo, Nijinsky, Sayonara, Tamara, Peledrove… ainsi que le jockey aux mille victoires, Paul Randrianjafy. Des seigneurs appartenant à de grands propriétaires à l’image de Paul Marchetti, Mechelson Rakotoarisoa, Sam Fat, Henri Bray, Écurie Tsarasaotra, Écurie Orimbato… Un patrimoine historique qui risque d’être rangé dans l’oubli à l’allure où vont les choses.
Pour le moment, les responsables de l’Ahcel sont désemparés. Ils ont l’impression d’avoir en face un bulldozer.
L’hippodrome de Bevalala rejoindra celui des Thuyas à Antsirabe, un des plus beaux du genre, qui a été rasé par la mairie en 2004. Il faisait pourtant partie des patrimoines de la Ville d’Eaux, à l’image du Parc de l’Est, de la station thermale Andranovisy, des lacs Andrikiba et Tritriva, du stade vélodrome… Hélas, une méconnaissance de l’histoire de la ville et de sa culture par les dirigeants a porté un coup de Jarnac à ce bel hippodrome.
Et puis, et pas des moindres, le cheval a fait vivre les éleveurs d’Antananarivo, d’Ambatolampy, d’Ampitatafika, d’Ambohimandroso, d’Antsirabe, d’Ambositra, de Fianarantsoa et de Toamasina. Résultat des courses : même à la gendarmerie, on n’a vu que des mazettes lors du défilé militaire du 26 juin.
On achève donc bien les hippodromes, puisqu’après Ankorombe à Ambositra, Anosy à Fianarantsoa, Bevalala est aussi passé à la trappe.
par Jean Temistockle Rakotolita