MÉMOIRE ET RÉPARATION - Le roi Toera retrouve sa terre natale

Les kabeso du roi Toera et de ses deux guerriers sont enfin rentrés à Madagascar, 128 ans après avoir été emportés en France. Ils ont été accueillis lors d’une cérémonie républicaine au Mausolée d’Avaratr’Ambohitsaina.

Les kabeso du roi Toera et de ses deux geurriers sakalava.

Conservées depuis 1897 au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, où elles avaient été transférées comme trophées de guerre, ces reliques rejoignent désormais leur terre natale. La cérémonie, marquée par une forte solennité, s’est déroulée en présence des autorités nationales. Une plaque commémorative a été inaugurée en hommage au roi Toera et à ses compagnons, inscrivant leur mémoire aux côtés d’autres figures de la résistance à la colonisation.

Dans son allocution, le président Andry Rajoelina a salué leur sacrifice et invité les citoyens à s’inspirer de leur héritage. 

« Le roi Toera est un héros de Madagascar. Hier, il affrontait les fusils et les ennemis. Aujourd’hui, c’est à nous d’édifier une nation forte, fondée sur l’unité, la solidarité et le patriotisme. Une mentalité tournée vers le progrès, animée par l’amour de la patrie, une mentalité combative jusqu’au bout pour l’honneur national : tel est l’héritage transmis par le roi Toera et les héros de la Nation », a-t-il déclaré.

Avant la cérémonie, un cortège solennel avait accompagné les reliques depuis l’aéroport international d’Ivato. Le convoi, qui a emprunté l’axe Tsarasaotra–Ivato, s’est brièvement arrêté sur le parvis de l’Hôtel de Ville d’Antananarivo pour permettre un premier hommage populaire. Les Kabeso ont ensuite été transportés jusqu’au mausolée d’Avaratr’Ambohitsaina.

Rituel

Recouverts de Sobahya, étoffes sacrées réservées aux souverains sakalava, puis du drapeau national, ils ont été accueillis selon un rituel associant pratiques traditionnelles et symboles républicains. Deux cordons tressés, composés chacun de sept bandes, ont été dénoués pour marquer la solennité du moment. La sonnerie aux morts a retenti, suivie de l’allumage de la flamme éternelle par le chef de l’État.

Après cette étape mémorielle, les reliques ont pris la direction de Belo Tsiribihina, berceau du roi Toera. Elles doivent y être déposées dans un Zomba provisoire construit à Mitsinjo, où la famille royale organisera vendredi une cérémonie traditionnelle, en présence des autorités locales et nationales.

Cette restitution historique est l’aboutissement d’un processus engagé dès 2003 par les descendants du souverain. Resté longtemps sans suite, le dossier a été relancé en 2019, au moment de la campagne présidentielle d’Andry Rajoelina, qui s’était engagé à rapatrier les Kabeso. L’adoption, en 2023, d’une loi en France autorisant la restitution de certaines collections a ouvert la voie à ce retour.

Au-delà de l’acte diplomatique, l’événement revêt une portée symbolique majeure. Il participe à la réparation d’une mémoire blessée et réinscrit le roi Toera et ses guerriers dans le récit national. Pour les Sakalava comme pour l’ensemble de la Nation, ce retour apparaît comme un acte de justice et un hommage rendu à ceux qui, par leur résistance, ont incarné la lutte contre la colonisation.

Tsilaviny Randriamanga

1 Commentaires

  1. Apres de longues luttes avec les hova le peuple Sakalava s'était bien aguerri.La troupe coloniale a eu bien du mal pour pacifier la région.

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