MANIFESTATION À VONTOVORONA - La grève étudiante dégénère

La fumée des pneus brûlés et l’odeur des gaz lacrymogènes ont plané, hier, sur Vontovorona. Le campus polytechnique d’Antananarivo est à son tour entré en révolte contre les coupures de courant.

Des  scènes à Vontovorona lors de l’affrontement entre des étudiants  et des éléments des forces de l’ordre, hier.

Une manifestation a dégénéré. En début de matinée, hier, des étudiants de l’École supérieure polytechnique d’Antananarivo, à Vontovorona, se sont lancés dans une protestation violente. Armés de cailloux, de sifflets, de flèches, de briques et de moellons, ils ont transformé la ville en champ de bataille.

Les slogans de colère se mêlaient aux claquements des pierres lancées sur les forces de l’ordre dépêchées sur place. La tension est vite montée d’un cran : rafales de cailloux d’un côté, bombes lacrymogènes de l’autre. La confrontation a laissé cinq étudiants blessés, ainsi qu’un gendarme. « Nous avons été touchés par les tirs de gaz », assurent plusieurs d’entre eux. L’un d’eux a dû être transporté dans un grand hôpital pour passer une radiographie.

Dans ce quartier, la vie s’est figée. Impossible pour les taxis-brousse et les voitures particulières de circuler : la route était coupée en plusieurs points par des briques, des pneus brûlés, des moellons et des couvre-dallots. Les commerçants, contraints de fermer boutique, observaient la scène avec résignation. « On ne peut pas travailler dans une telle atmosphère », soupire un vendeur, assis devant sa devanture close.

Problématiques

Les étudiants, eux, tentaient d’élargir leur mobilisation en appelant les habitants à rejoindre leurs rangs. Mais ces derniers, par prudence, ont préféré rester à l’écart.

À l’origine de cette explosion de colère : une coupure d’électricité de treize heures la veille. « Le courant a été coupé de 9 h du matin à 22 h. Comment étudier, comment vivre dans ces conditions ? », s’indignent les étudiants.

Le maire de la commune, Mendrika Rasolonirina, reconnaît que ces longues coupures posent problème. « Le planning du délestage tournant n’est plus respecté ces derniers temps. La population souffre, surtout ceux dont les activités dépendent de l’électricité », dénonce-t-il.

La grogne enfle dans la capitale et sa périphérie depuis le week-end. Après Ankadikely Ilafy, Sabotsy Namehana et Alasora, c’est Vontovorona qui a pris le relais. Et malgré le retour du courant hier matin, à 9 h 30, après une coupure entamée à 5 h, les étudiants ont poursuivi leur mobilisation jusque dans l’après-midi. Leur détermination reste intacte. « Nous continuerons à manifester jusqu’à ce que l’État garantisse la fin des coupures », assurent-ils.

Vontovorona n’a pas dit son dernier mot. Les prochains jours diront si cette colère s’éteindra ou si elle rallumera d’autres foyers de contestation dans la capitale.

Miangaly Ralitera

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