Le Panafricanisme renaît-il de ses cendres ? En réalité, il n’a jamais été mort. Il sommeillait seulement, ballotté par les péripéties de l’histoire, les vicissitudes de l’humanité, les orientations dictées par la géopolitique, la météo politique de l’époque. Depuis l’initiation du Panafricanisme par le premier président ghanéen Kwame Nkrumah, ce credo a toujours trotté dans la tête des grands dirigeants africains. Quelques pays ont adhéré à ce mouvement, dont la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau…
Le panafricanisme est un mouvement d’émancipation, d’affirmation et de réappropriation politique et culturelle de l’identité des sociétés africaines contre les discours colonisateurs des Européens.
Ses objectifs étaient de « renforcer l’unité et la solidarité des États africains, défendre leur souveraineté, éliminer sous toutes ses formes le colonialisme ». Plusieurs tentatives ont été lancées à l’image du Nepad (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique), créé en 2001 en Zambie. Une vingtaine de pays ont soutenu le Nepad et Madagascar n’en faisait pas partie.
Aujourd’hui, le Nepad est rebaptisé Agence de développement de l’Union africaine, avec plus ou moins de succès.
Il y eut également la coopération Sud-Sud entre les pays du Sud, dont ceux africains. Depuis quelques années, le marché unique africain, ou le Zlecaf, a été mis sur orbite. Le concept ne fait pas encore l’unanimité, étant donné que des organismes régionaux comme la SADC, la Cedeao connaissent des difficultés.
Pour être plus réaliste et concret, quelques pays ont décidé de supprimer le visa d’entrée pour tous les citoyens africains d’un pays à l’autre. Le raisonnement est simple. Les colonisateurs sont entrés en Afrique sans visa, alors pourquoi les Africains ne pourraient-ils pas en faire autant entre eux ? Ainsi, depuis le 11 septembre, les Africains peuvent entrer sans visa au Rwanda, Burkina Faso, Bénin, Gambie, Kenya…
Quarante-huit pays permettent également aux ressortissants d’entrer au moins dans un autre pays.
Voilà une mesure concrète dans l’esprit du panafricanisme. La mesure a toutes les chances de faire tâche d’huile, avec toutefois un grand risque d’expansion du terrorisme et du trafic en tous genres. C’est déjà le cas à Madagascar. L’homme sans visa sera difficile à démasquer, même sans cagoule.
Sylvain Ranjalahy