La pauvreté n’est pas une fatalité

Pour ceux qui ont bonne mémoire, pas forcément celle d’un éléphant, c’est le fameux slogan d’un candidat à l’élection présidentielle de 1992. C’est un joli credo qui n’a pas eu l’écho qu’il méritait dans les urnes. Eh oui, la pauvreté nous colle à la peau depuis la fin des années 80 et le début de la débâcle de la période socialiste. Les difficultés économiques se sont fait sentir et le pays commençait à s’enliser dans la pénurie, la corruption et la concussion. Les mesures imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont compliqué la situation et aggravé la paupérisation.

Ce candidat, un grand intellectuel et politicien dont le patriotisme et le militantisme ont été reconnus dans le microcosme politique. Nommé ministre par la suite, il n’a pas pu concrétiser son programme électoral.

 Et pourtant, c’est faisable et réalisable. Preuve en a été donnée par le père Pedro Opeka, un frère lazariste argentin débarqué par un destin divin à Madagascar en 1970, où c’était la belle époque. Quelques années après, les premiers bidonvilles et les fouilleurs de bacs à ordures sont apparus. D’année en année, leur nombre a augmenté au point d’envahir les rues, les trottoirs, les tunnels de la capitale et des autres villes, et surtout la décharge d’Andralanitra, où ils sont des milliers par jour à chercher des objets qui peuvent assurer leur quotidien.

C’est ainsi que le père Pedro est intervenu en transformant la décharge d’Andralanitra en village Akamasoa. Un pari fou au début et peu de gens y croyaient. Le père Pedro a réussi à réinsérer des dizaines de milliers de personnes en les responsabilisant, en créant des écoles, des dispensaires, une université, des infrastructures sportives…

Plusieurs fois nominé parmi les prétendants au Prix Nobel de la paix, il n’aurait pas usurpé cette distinction. Le père Pedro a brillamment réussi là où les régimes successifs ont échoué. Il a prouvé que les problèmes d’emploi, de logements, de sécurité, de santé et d’éducation peuvent être aisément surmontés à coup de volonté et de détermination.

Avec tous les financements des divers bailleurs de fonds obtenus par Madagascar depuis 40 ans pour soi-disant développer le pays, l’État aurait pu cloner le village Akamasoa en milliers d’exemplaires. Avec le confort et de meilleures conditions en prime.

Il n’est pas trop tard pour bien faire et concrétiser que la pauvreté est loin d’être une malédiction. Le malheureux candidat était seulement en avance sur son époque. C’était bien une vision et non une prophétie.

Sylvain Ranjalahy

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