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Patiente prise en charge en milieu hospitalier. |
Se faire hospitaliser relève d’un véritable casse-tête financier pour de nombreuses familles. Les frais liés aux soins atteignent des sommes exorbitantes. « En un mois et demi d’hospitalisation, nous avons dépensé 20 millions d’ariary. Cela comprend six scanners et quatre interventions chirurgicales, ainsi que l’achat d’antibiotiques à l’étranger », témoigne le père d’un jeune homme victime d’un traumatisme crânien, hospitalisé au Centre hospitalier universitaire Joseph RavoahangyAndrianavalona (CHU JRA), la semaine dernière. Une autre famille, dont la mère, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), hospitalisée dans ce même hôpital public, témoigne avoir dépensé, en une semaine, trois millions d’ariary pour deux scanners, des médicaments et les dépenses quotidiennes comme la nourriture.
Pour ces familles, le fait que le scanner de cet hôpital public ne soit pas fonctionnel augmente encore plus leurs dépenses.
« Nous payons 500 000 ariary pour chaque scanner dans un hôpital privé », racontent-ils. C’est le double du tarif d’un scanner dans un hôpital public. Un autre hôpital public en dispose, mais le déplacement à une certaine distance ne serait pas possible pour tous les patients, selon un médecin.
Contraintes
D’autres familles témoignent que la circulation de microbes à l’hôpital a alourdi leurs dépenses. « Nous avons été obligés de commander des antibiotiques, d’une valeur de 4 millions d’ariary, depuis la France, faute de disponibilité à Madagascar, car notre fils a contracté des bactéries résistantes à l’hôpital », ajoute le père du patient avec un traumatisme crânien.
Beaucoup de familles sont contraintes de s’endetter ou de vendre leurs biens au cours de l’hospitalisation. « Nous avons vendu six porcs pour pouvoir couvrir les frais médicaux », ajoute la famille du même patient.
La famille qui a dépensé trois millions d’ariary raconte que, pour rembourser les emprunts qu’elle a effectués pour couvrir les frais médicaux, elle va vendre des rizières. Selon des médecins, faute de moyens financiers, de nombreux patients signent une décharge pour quitter l’hôpital avant la fin des traitements, sans que leur guérison ne soit assurée.
Face à cette situation, les appels à l’amélioration des services dans les hôpitaux publics et au renforcement de la prise en charge par l’État se multiplient.
« Il est indispensable d’augmenter le budget alloué à la santé, car de nombreuses vies en dépendent. Appeler, également, les professionnels de santé, les vrais techniciens, pour identifier les activités indispensables pour améliorer la prise en charge hospitalière », souligne un médecin.
L’État a déjà engagé, il y a quelques années, le processus de mise en place de la couverture santé universelle (CSU), qui vise à garantir à chaque citoyen l’accès aux soins nécessaires, où et quand il en a besoin, sans risque de difficultés financières. Sa réalisation demeure lente.
Miangaly Ralitera