EXÉCUTIF - Rentrée gouvernementale en fanfare

Fin des vacances pour les membres de l’Exécutif. Après le Sommet de la SADC, l’épopée des Barea et le retour du «Kabeso» du roi Toera, il est temps de se remettre au travail face aux urgences socio-économiques toujours aussi pressantes.

Sauf changement, le premier Conseil des ministres de cette rentrée se tiendra mercredi, au palais d’État d’Iavoloha.

C’est la rentrée. Aujourd’hui, 1er septembre, marque la rentrée officielle du gouvernement après deux semaines de vacances, dans la foulée d’un mois d’août marqué par des activités intenses.

Ce retour aux affaires de l’Exécutif s’effectue dans un contexte d’effervescence nationale. La liesse populaire suscitée par le parcours des Barea de Madagascar lors du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) continue de se faire sentir. L’équipe nationale, finaliste de la compétition, a mobilisé et rassemblé une grande partie de la population à travers les fan zones et les célébrations organisées dans tout le pays.

À cette euphorie sportive s’ajoute un autre événement marquant : le retour à Madagascar, ce jour, du «Kabeso» du roi Toera et de ses deux chefs militaires. Ces dépouilles royales ont été restituées par la France, la semaine dernière, à Paris. Leur arrivée sera accompagnée d’un hommage populaire dès l’aéroport d’Ivato, suivi d’une cérémonie étatique au mausolée d’Andrainarivo, demain. Sur le trajet vers Belo-sur-Tsiribihina, où elles seront remises officiellement à la famille et au peuple Sakalava le 5 septembre, des hommages sont également prévus.

Cette rentrée survient après une séquence politique et diplomatique dense. Avant la pause gouvernementale, Madagascar avait accueilli le Sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). L’événement, qui a mobilisé l’ensemble du gouvernement, a été salué pour la qualité de son organisation et de son accueil. Durant plusieurs jours, les ministres et l’administration ont été sollicités pour assurer le bon déroulement des rencontres et l’accueil des délégations étrangères.

Après cette période de forte pression, les membres du gouvernement ont pu bénéficier de quelques jours de repos. Cette pause devrait leur permettre d’aborder avec énergie la rentrée et les nombreux dossiers en attente. Le gouvernement est attendu sur plusieurs fronts. La crise énergétique reste la plus visible. Le retour du délestage se fait sentir dans la capitale et en régions, alors même que la saison d’étiage ne fait que commencer. Les coupures d’électricité, qui peuvent durer jusqu’à quatre heures, perturbent aussi bien la vie quotidienne que l’activité économique.

Sous pression

Ces difficultés sont aggravées par des coupures fréquentes d’approvisionnement en eau. Face à cette situation, l’Exécutif devra accélérer la concrétisation des projets énergétiques en cours. Parmi eux figurent la mise en place d’une centrale solaire de 50 mégawatts destinée à Antananarivo, ainsi que l’acheminement et l’installation des moteurs d’une centrale thermique de 105 mégawatts, prévue pour renforcer la production du Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA). De même que les projets pour renforcer la production et l’approvisionnement en eau potable. 

À ces urgences s’ajoute un regain d’insécurité urbaine, constaté ces dernières semaines dans les grandes villes du pays. Les autorités devront renforcer les dispositifs de prévention et de contrôle pour y répondre. Par ailleurs, les feux de brousse et les incendies de forêts connaissent une recrudescence depuis la mi-août. Plusieurs aires protégées sont touchées, posant un problème environnemental majeur en cette saison sèche.

Le secteur économique n’est pas épargné. La filière vanille, l’une des principales sources de devises du pays, traverse une crise avec une chute importante des prix sur le marché international. Ce dossier, encore peu visible dans l’actualité, représente pourtant un défi urgent pour l’État. Outre les enjeux pour l’économie nationale, il s’agit aussi d’une des principales sources de revenus de milliers de ménages.

Enfin, un autre enjeu de taille concerne l’avenir du partenariat commercial avec les États-Unis. L’African Growth and Opportunity Act (Agoa), qui permet l’accès préférentiel des produits malgaches au marché américain, arrive à terme à la fin du mois. Entre les défis sociaux immédiats, les urgences économiques et les enjeux diplomatiques, cette rentrée gouvernementale s’annonce sous pression. Après les vacances, les membres de l’Exécutif devront rapidement se mobiliser pour répondre aux attentes de la population et aux obligations internationales du pays.

Il faudra, par ailleurs, ne pas perdre de vue l’échéance politique des élections sénatoriales. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) propose la date du 11 décembre pour l’élection des nouveaux membres du Sénat. Selon la loi organique sur le régime général des élections et des référendums, le gouvernement dispose d’un délai minimum de 90 jours pour acter cette convocation des grands électeurs à aller aux urnes.

L’Exécutif fait aussi sa rentrée dans un contexte où les bruits sur un éventuel remaniement se font insistants. Le cas échéant, ce retour aux affaires pourrait s’accompagner de séances d’évaluations menées par le président de la République et le Premier ministre, en coulisses.

Garry Fabrice Ranaivoson

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne