À la tribune des Nations Unies, le président Andry Rajoelina a plaidé pour le maintien de l’Agoa. L’appel vise à préserver un levier essentiel d’emplois et de développement économique, alors que ce programme arrive à échéance.
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Après celui de 2022 (en photo), le président Rajoelina a tenu un discours, hier, à la tribune des Nations unies. |
«L’Agoa, ce n’est pas une simple loi commerciale. Ce sont des visages. Des vies. Des communautés entières qui se battent chaque jour pour leur dignité. » Ce sont les mots d’Andry Rajoelina, président de la République, lors de son discours à la tribune des Nations Unies, hier.
Le locataire d’Iavoloha a saisi l’occasion de son intervention à la 80e Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies pour plaider en faveur du maintien de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa). Ce dispositif, qui offre un accès préférentiel au marché américain à plusieurs pays africains, représente pour Madagascar, mais aussi pour la majorité des pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), un levier stratégique de développement économique et industriel.
Adopté en 2000 par les États-Unis, l’Agoa permet à certains pays d’Afrique subsaharienne d’exporter sans droits de douane une large gamme de produits vers le marché américain. Le programme arrive à échéance ce mois de septembre. Et les négociations avec l’administration Trump pour sa reconduction sont toujours en cours. Quatorze des seize pays membres de la SADC, dont Madagascar, en sont bénéficiaires.
Comme prévu, Andry Rajoelina a porté la voix de Madagascar, mais aussi celle de la SADC qu’il préside, à la tribune de l’ONU. « Notre objectif est de promouvoir l’industrialisation, la transformation du système agricole et la transition énergétique afin de rendre nos pays et nos peuples plus résilients », affirme-t-il, ajoutant : « Le non-renouvellement de l’Agoa engendrerait des conséquences sociales profondes. L’employabilité de milliers de jeunes et l’élan économique de nos nations seraient menacés ».
« Grâce à l’Agoa, les pays de la SADC exportent plus de 11 milliards de dollars par an vers les États-Unis. Derrière ce chiffre, plus de 1,7 million de personnes sont concernées. Donc, si l’Agoa disparaît, ce sont plus de sept cent mille emplois directs et indirects qui pourraient être perdus dans la région de l’Afrique australe uniquement. Alors que derrière chaque emploi, il y a une mère qui nourrit ses enfants, un jeune qui poursuit ses études, une famille qui garde espoir », plaide-t-il sur un ton émotionnel.
Justice climatique
Pour Madagascar, environ cent cinquante mille emplois directs et près de quatre cent mille emplois indirects sont concernés. « Je demande solennellement l’extension de l’Agoa pour nos pays membres afin d’éviter des conséquences économiques et sociales désastreuses. Je lance un appel à nos partenaires américains : faisons ensemble le choix de la stabilité, le choix de l’espoir, le choix de la dignité. Je plaide pour la poursuite d’un partenariat durable entre les États-Unis et le continent africain », déclare alors Andry Rajoelina à la tribune des Nations Unies.
Le chef de l’État ajoute : « Préserver l’Agoa, c’est préserver la paix sociale dans les pays qui en dépendent. C’est également protéger vingt années de progrès et garantir un avenir meilleur à nos familles et à notre jeunesse. Nous voulons des échanges justes, des partenariats équitables et une prospérité partagée ». Cette dernière phrase semble répondre aux propos de son homologue américain, Donald Trump. Mardi, le locataire de la Maison-Blanche avait affirmé que son pays était prêt à travailler avec tous ceux qui souhaitent « un partenariat juste et équitable ».
Les négociations sur le maintien de l’Agoa se déroulent dans un contexte de guerre commerciale déclenchée par les nouvelles taxes douanières imposées par l’administration Trump contre tous les pays du monde. Faisant le rapprochement avec le thème de cette 80e Assemblée générale des Nations Unies, qui parle de paix, le président Rajoelina souligne les effets dévastateurs d’une guerre commerciale, « bien plus silencieuse que les affrontements armés ou la guerre sanitaire, car elle impacte sur le revenu, l’emploi et l’avenir de millions de personnes ».
Dans son discours d’hier, le locataire d’Iavoloha réitère également son appel à « une justice climatique » : « Madagascar est l’un des pays victimes des conséquences du changement climatique. Notre planète brûle, nos écosystèmes se dégradent alors que les actions et les financements ne suivent pas. (…) Il est grand temps de passer à l’action (…) que les pays pollueurs assument leurs responsabilités, que les financements promis pour l’adaptation soient réellement tenus ».
« Mieux ensemble : 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits de l’Homme », est le thème de cette 80e Assemblée générale de l’ONU. Sur ce point, Andry Rajoelina soutient : « À cette auguste tribune, j’appelle à l’unité et à l’action (…) La division n’est pas une solution. L’affrontement engendre l’instabilité. Alors choisissons l’unité. Choisissons la solidarité. Choisissons de bâtir plutôt que de détruire (…) Car l’histoire nous a appris que lorsque nous choisissons l’unité, nous faisons reculer l’instabilité. Lorsque nous cultivons la solidarité, nous faisons germer la prospérité ».
Garry Fabrice Ranaivoson
Personne n'est dupe...
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