Il s’agit du titre d’un film hispano-français d’une autre époque, il y a un demi-siècle. Réalisé par Luis Buñuel en 1977, le vrai titre était « Cet obscur objet du désir ». Voilà le synopsis. Le héros convoite une femme séduisante et insaisissable. Son obsession devient incontrôlable, obscurcissant son jugement et conduisant à un état de soumission totale. Cela peut s’appeler une vision.
Elle ne s’appelait pas juste Délestage, mais la parodie sied à merveille à la situation actuelle. Le délestage rend fou tout le monde, de même que les coupures d’eau. On lui court après sans pouvoir le saisir, encore moins l’apprivoiser. On pense à lui comme à l’aveugle au jour, dirait Victor Hugo.
Deux éléments vitaux de la vie, dont le manque ou l’insuffisance hypothèque l’existence de la population. Un mal qui ronge l’économie, la vie sociale, perturbe le microcosme politique. Le fléau perdure malgré les promesses et les annonces de solutions à plus ou moins long terme. Entretemps, les détournements de fonds et les affaires louches ont compliqué le bulletin de santé de la Jirama, aujourd’hui plongée dans un coma artificiel.
On a laissé pourrir la situation au point d’atteindre le summum du mécontentement aujourd’hui. Après des manifestations sporadiques dans plusieurs quartiers pour réclamer la fin du délestage, tous ceux qui ont en commun des heures de coupures au quotidien ont décidé de se solidariser à Ambohijatovo au cours d’une manifestation interdite par la préfecture.
Quelques conseillers municipaux de la capitale se trouvent à l’administration de la manifestation, qui se veut juste sociale. Mais du côté du pouvoir, on ne l’entend pas de cette oreille là et on la voit d’un mauvais œil. L’atmosphère est des plus tendues depuis quelques jours. Les échanges sont durs et sans concession sur les réseaux sociaux. Des appels aux violences contre certaines personnalités pullulent dans divers supports. Des menaces voilées entre ceux qui détiennent cet obscur objet du délire et ceux qui veulent la kidnapper pour en finir pour une bonne fois pour toutes. Mais les risques d’affrontements sont réels entre ceux qui pensent que l’arrêt ou l’arrestation du délestage n’est qu’un prétexte pour dégager ceux qui ont du mal justement à s’en défaire.
Si l’objectif est de montrer le biceps de ceux qui veulent mettre fin à ce calvaire, il n’est pas certain que la réussite de la manifestation suffira à améliorer la situation. À preuve, les diverses manifestations un peu partout n’ont rien changé. À moins de recourir aux violences et intimidations, comme l’encouragent certains propos.
Quelle sera alors la suite à donner à cette manifestation ? Laissons le film conclure. Une soumission totale.
Sylvain Ranjalahy
Vu ce qui se passe au Népal et en Indonésie avec des peuples moins pauvres et moins affamés qu'a Mada, on peut comprendre que le pouvoir s’inquiète...
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