Une conférence inédite sur un sujet sensible mais incontournable s’est tenue à Antsiranana, mardi. Elle était axée sur la consommation du khat dans le Nord.
La Pr Josie Dominique a animé le débat autour de la consommation du khat entre ces quatre panelistes. |
Après Antananarivo et Dakar, c’est au tour de l’Université d’Antsiranana (UNA) d’accueillir le programme « Les voix du vivant». Cette initiative s’inscrit dans une démarche de reconnaissance et de valorisation des recherches, savoirs et expériences souvent relégués en marge des sphères dominantes. Médecins, chercheurs, artistes, responsables politiques et société civile se sont retrouvés, mardi, durant la matinée, dans la grande salle du Centre d’Information et de documentation pour le développement de la recherche de l’UNA afin d’assister à une conférence inédite sur un sujet sensible mais incontournable : la consommation de khat dans le Nord, organisée par la Fondation de l’Innovation pour la démocratie de l’océan Indien.
Ils se sont réunis pour analyser les multiples facettes de ce phénomène, à la fois culturel, social, économique et sanitaire, pour débattre de ses conséquences et pour réfléchir ensemble à des solutions. Le thème retenu pour l’étape d’Antsiranana concerne le « bon et mauvais usage sociétal des plantes : le Khat comme enjeu de durabilité au Nord de Madagascar ».
Cette plante, consommée quotidiennement par une partie de la population, est devenue une véritable économie parallèle, mais ses impacts sociaux et environnementaux inquiètent de plus en plus.
Bien plus qu’un simple stimulant, le khat est aujourd’hui au cœur de nombreux enjeux : santé publique, cohésion sociale, vide juridique et avenir de la jeunesse.
Des échanges riches et constructifs
Face à ces défis, les panélistes variés, composés de médecin et de jeunes responsables engagés de la région, ont choisi la discussion, notamment animée par la Pr Josie Dominique, enseignante-chercheuse de l’UNA également directrice de la Recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
L’objectif de ce panel était de favoriser un dialogue inclusif autour d’une problématique complexe et profondément ancrée dans la société. La consommation de khat, si elle présente des dimensions économiques et culturelles, entraîne également des conséquences sanitaires et sociales préoccupantes, particulièrement pour les jeunes générations.
Au cours du panel et des échanges, le médecin addictologue et psychothérapeute Miarintsoa Rasoarimboahangy, a alerté concernant les effets du khat sur la santé physique et mentale, tandis que les jeunes leaders ont insisté sur la nécessité d’alternatives éducatives et économiques pour leurs pairs. Pour sa part, le directeur régional de l’Environnement et du Développement durable, Irina Mohajy Manorotiana a parlé des ravages écologiques de la culture du khat qui a progressivement supplanté les cultures vivrières traditionnelles. De nombreux agriculteurs ont délaissé riz, maïs, légumes ou manioc pour se tourner vers cette plante jugée plus lucrative.
Cette dernière a aussi mentionné que la culture intensive menace directement les ressources naturelles autour du bassin de Besokatra. Citons la déforestation massive autour de la Montagne d’Ambre, l’appauvrissement des sols, la perturbation des rivières, la réduction de la biodiversité
« Le but n’est pas de juger une pratique déjà enracinée dans la culture, mais de construire ensemble des solutions durables, car le khat entraîne aussi de lourdes conséquences sociales, notamment chez les jeunes», rappelle l’animatrice du panel, tout en affirmant qu’il faut soigner les ravages liés à cette consommation et mettre en place des alternatives pour offrir aux jeunes des perspectives de rayonnement autres que cette dépendance.
Raheriniaina