À Antananarivo, le Salon de la recherche au service de l’économie et de l’emploi met en avant des travaux doctoraux sur la valorisation des eaux usées et des eaux de vannes.
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Eaux usées dans le canal d’un quartier d’Antananarivo. |
Au Salon de la recherche au service de l’économie et de l’emploi, des doctorants de l’université d’Antananarivo exposent des solutions techniques destinées à optimiser l’usage de la ressource en eau. Parmi elles, un projet de réutilisation des eaux usées et des eaux de vannes porté par deux doctorantes en ingénierie.
« Nous constatons que les eaux usées et les eaux de pluie sont gaspillées dans notre pays. La quantité d’eaux usées par personne est de 23 litres par jour. Notre recherche a pour objectif de valoriser ces eaux usées ainsi que les eaux de vannes », explique Harimalala Marie Elie Raharison, doctorante en ingénierie géosciences, qui conduit ce travail avec Hary Lalaina Angelica Andriamahefa, doctorante en génie civil et aménagement du territoire, hier.
Les premières conclusions présentées indiquent que les eaux domestiques peuvent être réemployées pour des usages non alimentaires — lavage de véhicules, arrosage des plantes, chasse d’eau — à l’issue d’un enchaînement de traitements. « Cette réutilisation passe par plusieurs traitements avant que l’eau puisse être utilisée de nouveau. Elles ne sont pas potables », précise l’une des chercheuses.
Vétusté des conduites
Le dispositif envisagé repose sur l’installation d’un centre de collecte des eaux usées dans un point dédié. Les volumes y seraient traités avant redistribution, sous forme d’eau traitée, via le réseau. « Cela nécessitera quelques modifications des installations dans chaque foyer », indique Harimalala Marie Elie Raharison.
Cette approche s’inscrit dans un contexte de tension structurelle sur l’approvisionnement. Plusieurs villes de Madagascar subissent des pénuries durant les périodes d’étiage, notamment à Antananarivo, où le déficit est estimé à 100 000 m³ par jour pour une demande de 320 000 m³. Les pertes en réseau, évaluées à environ 20 % de la production en raison de la vétusté des conduites souterraines, aggravent la situation.
Face à ces contraintes, les autorités ont, lors de la dernière saison sèche, interdit « tout gaspillage des ressources en eau », proscrivant l’arrosage des jardins, le vidage et le remplissage des piscines, ainsi que le lavage à haute pression de véhicules particuliers. À l’approche d’une nouvelle saison sèche, le risque de récidive des coupures demeure, faute de renouvellement des infrastructures et de ressources suffisantes.
Miangaly Ralitera