Médiocratie

On touche le fond. Avec un total de 48 médailles, dont 15 d’or, Madagascar a fini troisième loin derrière La Réunion (138 médailles dont 59 d’or) et Maurice (115 médailles dont 35 d’or) aux Jeux de la CJSOI disputés aux Seychelles. Un classement qui a de quoi interpeller, étant donné que c’est l’antichambre des Jeux des îles de l’océan Indien. Autrement dit, cette situation donne une idée de ce que serait l’image de la hiérarchie dans la région d’ici quelques années. Il faut se rendre à l’évidence à la lumière de ces résultats où l’haltérophilie et la natation ont été les seuls motifs de satisfaction. Les performances ont nettement reculé. Pire, avec deux pauvres médailles d’argent et de bronze, l’athlétisme continue son chemin vers un déclin définitif. 

C’est le bilan le plus catastrophique jamais enregistré par l’athlétisme depuis son histoire. Mais c’est prévisible depuis qu’aucun athlète n’arrive plus à atteindre le minima des J.O depuis trois olympiades et que la participation au championnat du monde n’est plus fonction de la performance. Ce n’est pas la faute aux athlètes. Le défaut de la cuirasse se trouve au niveau  des structures administrant  les instances sportives à tous les niveaux. On ne peut pas dire une pénurie de relève avec une population composée de 65% de jeunes de moins de quinze ans. Sinon, comment expliquer que dans les années 90, il y avait plein de jeunes athlètes performants à l’Asco Toliara, à l’ASFX Fianarantsoa, à la HTTA Antsiranana, à Toamasina, à Mahajanga et bien sûr à Tana. On raflait les médailles aux Jeux des îles, aux Jeux de la Francophonie, aux Jeux Africains, aux championnats du monde et on arrivait à qualifier une dizaine d’athlètes à chaque olympiade. 

On avait même de très bons athlètes aux épreuves techniques, à l’image de Doris Ratsimbazafy aux lancers, ou Ali Kame au décathlon, Riri Josveh au saut en hauteur… 

Il n’y a pas que l’athlétisme qui sombre, puisque le football et le volleyball se sont contentés de la médaille d’argent, qui constitue une maigre consolation à ce niveau. Le basketball a sauvé la mise pour les sports collectifs.

En principe, la première place aux CJSOI  ne devrait pas souffrir de la moindre discussion. Seul le nombre de médailles d’or pourrait faire l’objet d’un calcul. Comme dirait l’autre, mieux vaut finir dernier que second. Cela doit être le tarif. 

Et l’addition s’est corsée par la défaite des Barea à la Chan face à la Tanzanie, qui hypothèque leurs chances de se qualifier. Le drame est que le niveau de l’équipe est très loin de sa devancière de 2023 pour pouvoir nourrir quelques illusions. Dès le départ, la sérénité n’était pas au rendez-vous avec une liste gardée secrète, de laquelle ont été enlevés trois joueurs choisis par le coach Rôrô. Quand la direction de clubs et de l’équipe nationale s’emmêlent, le torchon se confond avec la serviette. 

 Le changement successif à la tête des fédérations et ligues n’a pas tiré les résultats vers le haut. Loin s’en faut. Heureusement que la pétanque sauve les meubles.

Sylvain Ranjalahy

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