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Une autre représentation d’Andrianampoinimerina, le roi de l’Imerina réuni. |
L’historienne Ramisandrazana Rakotoariseheno signale que la colonisation merina dans les régions périphériques de l’Imerina, se fait en plusieurs vagues (Populations rebelles aux frontières des États royaux, in Bull. Acad. Malg, XCIII/1, 2013). Il en découle ainsi plusieurs cercles périphériques (lire précédente Note).
Du temps d’Andriamasinavalona, le premier cercle ne franchit guère les vingt premiers kilomètres. Durant le règne d’Andriambelomasina, le deuxième cercle se trouve aux alentours des 30 à 40 km, du moins pour l’Avaradrano. Du temps d’Andrianampoinimerina qui réunifie l’Imerina, la dernière périphérie vers le nord atteint les 150 km vers Marofotsy.
Si les guerres de conquête menées par Andrianampoinimerina sont fort nombreuses et difficiles, celles du Vakinisahasarotra aboutissent à des « anéantissements de groupes ».
La première campagne d’Andrianampoinimerina, après son avènement, est la conquête du nord, particulièrement toute la région au nord d’Ambohitsitakatra. Les Zanakandriambe offrent leurs services d’infiltration chez les Foloray sihanaka pour le compte du nouveau souverain. « Un personnage du nom de Rainiangotiana disait à Andrianampoinimerina : Retenez bien que, pour faire la conquête de ce pays, il faut d’abord que vous vous empariez de Manohilahy : c’est la loi du destin » (Lefèvre, 1898, Légendes populaires sur l’histoire des Mandiavato et/ou Andrianampoinimerina in Notes Reconnaissances et Explorations ch.VI : 1427-1).
Les gens du nord s’enfuient devant les conquérants dans la plupart des cas. Selon l’auteure de l’étude, le lieutenant Lefèvre renseigne également sur les offres de paix d’Andrianampoinimerina : « Lorsqu’il se présente devant le village, il se réclame des liens de parenté. Mais les ombiasy sihanaka les refusèrent. » C’est ainsi que le siège d’Ambohibeloma dure longtemps, certaines traditions avancent le délai de trois ans. Le roi merina n’en vient à bout qu’avec une armée de huit cents hommes. « Lui-même reconnaissait que la population était vaillante et se jetait sur ses hommes comme un torrent. » Les habitants dépêchent un émissaire porteur de valiha en signe de soumission. Celui-ci rappelle à Andrianampoinimerina son origine Andriatompokoindrindra d’Ambohimalaza.
« Cette loi du destin nous semble être la même que celle de Ralambo et d’Andrianjaka qui avaient l’obligation d’aller habiter ou organiser le nord, avant de conquérir le centre et le sud. Ne pourrait-on pas dire qu’Andrianampoinimerina allait en pèlerinage mystique sur les traces de ses ancêtres, ce qui conforte la place privilégiée de cette région dans la conquête du pouvoir », met en avant l’académicienne.
Les Foloray- « dont le nom et l’explication ont été oubliés par le Firaketana »- semblent s’apparenter à la notion de Folovohitra, groupes d’hommes libres qui ne sont pas Andriana, et des Lohavohitra du royaume de Carcanossi et de la vallée d’Ambolo. Mais Foloray renvoie aussi, souligne-t-elle, à l’appellation des Anteroka « valoray valoreny » (huit pères et huit mères) ou aux Maintienindreny (Noirs aux six mères), et qui suggère une grande multitude et une grande cohésion.
« Ils étaient donc des populations vivant en complète indépendance certes, mais ayant une organisation politique solide et structurée pour pouvoir résister à plusieurs reprises contre l’invasion merina. »
La première attaque est menée par Rabodolahy, fils ainé d’Andrianampoinimerina aux côtés de Rabasivalo, époux de Ralesoka (sœur du roi). La résistance est terrible, obligeant les Merina à battre en retraite et à s’expliquer piteusement devant le souverain. Rabasivalo est même pris en otage avant d’être relâché. La colère du père s’abat sur son fils. Il l’exile à Anjohibe chez les Zafimamy, coupable de deux chefs d’accusation : non-assistance au prince Rabasivalo et fuite devant l’ennemi.
Andrianampoinimerina, en personne prend la tête de la seconde attaque. Il fait le siège d’Ambohibeloma, décime la population et brûle la cité. « Les survivants s’enfuirent plus au nord et reconstituèrent leur royaume à Andranoavo et à Imandanivatsy. » Une autre cité des Foloray, Betsimizara, se trouve à quelques kilomètres d’Anjozorobe. « C’était une grande plaine rizicole de
20 km de long et 6 km de large. Pour se venger d’Andrianampoinimerina, les Foloray bouchèrent les canaux, et les rizières devinrent des zones humides. Ils s’enfuirent chez les Bezanozano. »
Pela Ravalitera