ENVIRONNEMENT  - Le lac Itasy s’étouffe de sédiments

Le lac Itasy, vital pour l’économie locale, perd chaque année en superficie et en profondeur. Cette dégradation est liée à la sédimentation causée par les activités humaines.

Le lac Itasy diminue de profondeur et de superficie.

Menacé. Les autorités et les habitants de la région d’Itasy sont préoccupés. Sa superficie et sa profondeur diminuent. « Le lac présente de graves dégradations, selon plusieurs études. Chaque année, environ 1 000 tonnes de sable s’y déposent. Il a déjà perdu 20 % de sa surface. Des îlots flottants s’en détachent et dérivent vers l’aval », rapporte Sylvie Rakotoniaina, chargée d’appui à la Gestion Intégrée de la Ressource en Eau (GIRE) du lac Itasy, la semaine dernière.

Une étude menée fin 2023 sur une zone de 100 hectares a révélé que la colonne d’eau du lac s’amenuise. La partie la plus profonde mesurée a été de 6,50 mètres, et la moyenne a été de 3 mètres, alors que les anciens du village qui exploitent ce lac estiment sa profondeur maximale à 17 mètres. L’épaisseur des sédiments accumulés atteindrait, par ailleurs, 2,5 mètres. « À ce rythme, dans cinquante ans, le lac Itasy pourrait se transformer en marécage», s’inquiète Solofomalala Razafimahatratra, technicien auprès de la région d’Itasy.

Les activités humaines sont à l’origine de ce phénomène. « La rivière Varahina, qui alimente le lac, subit une sédimentation importante à cause des exploitations minières en amont. En raison de cette sédimentation, la profondeur diminue progressivement », explique ce technicien.

Surpêche

L’érosion des sols environnants transporte également des boues vers le lac. Cette érosion résulte de pratiques inadaptées aux abords du lac, notamment la culture sur les pentes sans mise en place de mesures antiérosives.

Cette diminution de la superficie et de la profondeur du lac menace le développement de la région. Avec une superficie de 3 500 hectares, ce lac constitue un centre d’activités économiques majeur, notamment grâce à la production piscicole. 

« Malheureusement, la production de poissons diminue, avec la réduction de leur habitat», souligne-t-on. À ce problème s’ajoute la surpêche, également identifiée comme l’une des causes principales de la chute alarmante de la production du lac.

Pour limiter cette dégradation du lac Itasy, les techniciens proposent la restauration environnementale. 

« Lorsque la zone est couverte de forêts, la quantité de sédiments diminue », affirme Sylvie Rakotoniaina.

Plusieurs agriculteurs de la région se sont engagés dans des actions de reboisement visant à améliorer les ressources en eau et à prévenir les coulées de boue. 

« Aujourd’hui, les vendeurs de jeunes plants peinent à suivre la demande, car le nombre de plantations a fortement augmenté », affirme Antonio R. de l’AgriSud. D’autres paysans, avec l’appui du projet Agrisud International, se sont lancés dans des plantations agroforestières (ndlr : combinaison de la culture de plantes agricoles avec la plantation d’arbres) sur des espaces non cultivés pour leur fournir du bois de chauffe et des revenus supplémentaires à moyen terme et à long terme, et surtout, pour réaliser des aménagements antiérosifs sur les parcelles de cultures en pente. Vololomboahangy Pascaline, maître exploitant dans cette région, affirme avoir obtenu les résultats escomptés.

Miangaly Ralitera

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