Le but en or n’a duré que le temps du Mondial 1998, avec des fins de match mémorables, à l’image du but de Laurent Blanc qui qualifie la France contre le Paraguay en huitièmes de finale, et celui de Trezeguet face à l’Italie en finale de l’Euro 2000. Deux moments historiques pour le football français en particulier et mondial en général. On a encore en mémoire l’euphorie et la liesse populaire sur les Champs-Élysées.
Pour moins que ça, les footeux sont sortis dans la rue pour chaque victoire des Barea en 2019, à la CHAN 2023 avec la médaille de bronze, et vendredi, après la qualification pour les demi-finales de la CHAN 2024 aux dépens des Harambee Stars du Kenya, à l’issue des tirs au but. Les Barea ont dû leur qualification à “un but en hors” du dernier tireur kényan. Une victoire reste une victoire, quelle que soit la manière dont on l’a gagnée. Les Barea sont aussi passés près de l’élimination.
Mais il faut être honnête. Aussi bien dans ce quart de finale que dans tous les autres matchs, les Barea sont loin d’avoir convaincu. Autant le cru 2023 a enflammé les stades et le public avec un jeu spectaculaire et efficace, et des individualités marquantes à l’image de Dax, Tsiry, Rakool, Jean Yves, Mathahiah…
Pour une fois, la chance est de leur côté, et bien évidemment, mieux vaut mal jouer et gagner que faire le spectacle et perdre.
L’important est de se qualifier pour faire le bonheur du public. Quand les chiffres des bailleurs de fonds placent Madagascar parmi le peloton de queue des pays pauvres, quand le PIB de Madagascar se trouve juste avant-dernier des pays de la SADC, une place parmi les quatre meilleures équipes africaines a de quoi rendre fou de bonheur tout un pays.
Quand les boulistes ridiculisent leurs adversaires dans le Masters en France, il y a de quoi bomber le torse. Cela fait oublier, un tant soit peu, le délestage, la coupure d’eau, l’insécurité, la hausse des prix… C’est le dernier rêve auquel on a droit quand le sommeil refuse de prêter compagnie. Au moins, dans la rue, la nuit traduit une égalité sociale.
On peut beaucoup mieux faire si on fait les choses comme on doit les faire. Il est patent que certains joueurs n’ont pas du tout leur place dans cette équipe. Des manœuvres subversives ont réduit la capacité de l’équipe dès le départ, avec une liste gardée secrète jusqu’au bout.
Et dans l’ensemble, le niveau du tournoi est relativement bas par rapport à la dernière édition. Des équipes comme le Maroc, le Nigeria, l’Algérie… ont été en deçà de leur valeur sur le papier.
Bien sûr, les Barea n’en demandent pas tant pour aller jusqu’au bout et passer de la médaille de bronze à la médaille d’or. C’est d’autant plus plausible qu’ils retrouvent les Soudanais en demi-finales, qu’ils avaient écrasés 3 à 0 en 2023. Mais il ne s’agit pas ici d’une rediffusion.
Sylvain Ranjalahy