Juste au lendemain de son limogeage, la passation de service entre l’ancien ministre des Transports et de la Météorologie et le Premier ministre, qui assure l’intérim, s’est tenue, hier, à Anosy.
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Christian Ntsay et Valery Ramonjavelo, durant la cérémonie de passation de service d’hier. |
Pas de répit après la révocation. Moins de 24 heures après son éviction du gouvernement, Valery Ramonjavelo a officiellement passé le relais à Christian Ntsay, Premier ministre, désormais ministre par intérim des Transports et de la Météorologie, hier, à Anosy.
La cérémonie s’est déroulée sans fioritures. En tout et pour tout, elle n’a duré qu’un peu plus d’une dizaine de minutes. Le locataire de Mahazoarivo et le ministre sortant sont entrés dans la salle à 11 heures 08 minutes. Peu avant 11 heures 20 minutes, la signature et l’échange des documents de passation, ainsi que la poignée de main d’usage, ont été bouclés. Il n’y a pas eu de longs discours. Les visages étaient fermés. Les deux hommes ont à peine esquissé des sourires de circonstance. D’habitude jovial face à la presse, Valery Ramonjavelo a affiché un visage morose.
Après un bref remerciement au président de la République et au Premier ministre pour la confiance qu’ils lui ont accordée durant ses années au sein du gouvernement, l’ancien ministre des Transports et de la Météorologie a pris congé. Valery Ramonjavelo quitte ainsi l’Exécutif par la petite porte. Il est emporté par la tempête médiatique causée par l’affaire des Boeings 777-200 livrés en Iran, bien que le pays soit sous le coup de sanctions internationales, notamment d’un embargo imposé par les États-Unis.
Là où le bât blesse, est que ceux qui ont livré ces aéronefs, selon les explications des autorités, ont falsifié les dates du Certificat d’immatriculation provisoire (CIP), et d’un Certificat de navigabilité (CDN) provisoire, accordés par l’Aviation civile de Madagascar (ACM). Ces documents, ayant expiré le 17 avril 2025 et le 21 avril 2025, ont été attribués dans le cadre de discussions pour un éventuel partenariat du propriétaire présumé des avions avec Madagascar Airlines. Une démarche initiée par un promoteur local, avec comme argument, l’exploitation de la destination Chine, Inde et Europe.
Face à la presse, visage fermé et sur un ton ferme, hier, le Premier ministre Ntsay a affirmé que ni lui, ni le chef de l’État n’ont été au courant de ces échanges, ni de l’attribution de ces documents provisoires. Des faits qui renchérissent le motif du limogeage de Valery Ramonjavelo. Les faits ont été qualifiés de “fautes lourdes”, selon une source auprès de la présidence de la République. “Aucune autorité n’est habilitée à engager l’État à l’international sans coordination avec les plus hautes institutions”, a-t-elle affirmé.
Enquête internationale
À l’entame du Conseil des ministres, hier, selon le rapport de la réunion, Andry Rajoelina, président de la République, a soutenu qu’il “ne tolérera pas qu’une décision prise par les responsables mette en péril l’intérêt de la population”. Le chef de l’État exige ainsi des membres du gouvernement de mûres réflexions et de la rigueur avant toute prise de décision, surtout par rapport aux enjeux pour l’intérêt supérieur de l’État et la souveraineté nationale.
“On ne peut pas être solidaires de l’injustice”, a déclaré le locataire d’Iavoloha, selon le rapport du Conseil des ministres. Toujours selon cette missive, le Premier ministre a appelé au leadership et à la responsabilité de chaque membre du gouvernement, en rappelant qu’ils ont signé un code de bonne conduite lors de leur nomination. S’agissant de l’affaire des Boeings 777-200, Christian Ntsay a reconnu que l’État a “effectivement été dupé” par les promoteurs et le présumé investisseur.
Selon le chef du gouvernement, outre l’enquête au niveau national et la demande d’une ouverture d’enquête déposée au secrétariat général de l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI), les États-Unis via “le FBI”, et Interpol sont également sollicités pour prêter main-forte. À entendre le locataire de Mahazoarivo, les individus impliqués dans cette affaire de livraison d’avions à l’Iran pourraient faire partie “d’un réseau”, avec des ramifications internationales.
Garry Fabrice Ranaivoson