Rattrapé par le scandale des avions immatriculés à Madagascar et retrouvés en Iran, le ministre des Transports et de la Météorologie est écarté du gouvernement. Sa révocation a été actée hier par décret.
L’ancien ministre Valery Ramonjavelo lors d’un événement sur le transport aérien. |
Une faute “lourde”. Ce sont les mots d’une source auprès de la présidence de la République pour faire part du motif de l’éviction de Valery Ramonjavelo du gouvernement. Il a été démis de ses fonctions par un décret présidentiel publié hier. L’intérim est assuré par Christian Ntsay, Premier ministre.
“Aucune autorité n’est habilitée à engager l’État à l’international sans coordination avec les plus hautes institutions. Ce manquement viole les règles élémentaires de l’administration publique. Ce n’est pas une erreur technique, c’est une faute lourde. Il y a des procédures. Il y a une hiérarchie. Elles n’ont pas été respectées”, indique la source contactée pour expliquer que le limogeage du désormais ancien ministre des Transports et de la Météorologie était inévitable. “Cette décision n’est pas politique, elle est républicaine”, ajoute-t-elle.
Le scandale des cinq Boeings 777-200, d’immatriculations malgaches, “livrés” à l’Iran, en partance du Cambodge, a fini par coûter son poste à l’ancien ministre Ramonjavelo. L’affaire a été révélée par un média international la semaine dernière. Lundi, le désormais ancien membre du gouvernement a tenu une conférence de presse pour y apporter des explications. Selon lui, en novembre 2023, un opérateur local a approché son département, indiquant qu’un investisseur étranger était prêt à travailler avec Air Madagascar pour renforcer ses liaisons aériennes internationales.
Des techniciens de l’Aviation civile de Madagascar (ACM) ont constaté l’existence et l’état des avions en Chine. “Un Certificat d’immatriculation provisoire (CIP) a ainsi été délivré le 17 janvier 2025 et valable jusqu’au 17 avril 2025”, selon les explications d’hier. Le CIP a été assorti d’un Certificat de navigabilité (CDN) provisoire, délivré le 21 janvier 2025 et valable jusqu’au 21 avril 2025. Ces documents devaient servir au convoyage des aéronefs vers le Kenya pour des révisions techniques.
Selon la réponse du directeur général de l’ACM à une demande d’explication faite par Valery Ramonjavelo, l’attribution du CIP et du CDN aurait été effectuée sur instruction de ce dernier. Selon le récit du ministre, le promoteur et l’investisseur n’auraient plus donné suite aux discussions après l’attribution de ces documents. Le 20 juin, pourtant, l’ACM aurait été contactée par son homologue du Cambodge pour validation du CIP et du CDN des mêmes aéronefs. L’ACM aurait affirmé qu’ils étaient expirés et que les dates communiquées par les autorités cambodgiennes étaient falsifiées.
L’ancien ministre Ramonjavelo, jeudi, a attesté n’avoir eu connaissance de la livraison des cinq avions à l’Iran que lors de la publication de l’information dans les médias. “L’État s’estime avoir été trompé puisque l’immatriculation a été utilisée à des fins frauduleuses”, a réagi l’ancien membre du gouvernement. Cette sortie médiatique n’a toutefois pas suffi à lui éviter une révocation de l’Exécutif.
Intérêt supérieur de l’État
Outre la faute grave vis-à-vis des règles et procédures administratives, l’absence de concertation institutionnelle fait aussi partie des motifs du limogeage de l’ancien ministre. “L’immatriculation des avions a été décidée unilatéralement par le ministère des Transports, sans consulter ni la Présidence ni la Primature. Aucune autorité n’est habilitée à engager l’État à l’international sans coordination avec les plus hautes institutions”, indique la source auprès de la présidence de la République.
Les risques qu’encourt le pays sur la scène internationale ont également motivé le caractère inévitable de la révocation de Valery Ramonjavelo. D’autant plus qu’à s’en tenir aux réponses de la source contactée, il n’y a pas eu de vérification de la fiabilité du présumé promoteur et investisseur. “Une telle légèreté met en péril l’image, la souveraineté et la crédibilité de tout un pays. On ne joue pas avec la réputation internationale de Madagascar pour des décisions prises dans l’opacité.”
La source soutient, par ailleurs, que “la décision du président de la République est pour défendre l’intérêt supérieur de l’État. L’intérêt général passe avant les questions de fidélité. Il a toujours prôné la transparence et la probité dans la gestion des affaires publiques. Avec cette décision sans complaisance, il démontre une gouvernance responsable, mais aussi que personne n’est au-dessus des lois, même au sein du gouvernement”. À l’entendre, cette décision est aussi destinée à rassurer les partenaires de la Grande Île.
“La confiance des citoyens comme celle de nos partenaires internationaux exige de la clarté et de la rigueur. Quand un ministre met en péril les intérêts stratégiques du pays, il doit en assumer les conséquences. Cette décision est un message fort : la République se réforme, et ne protège pas les erreurs”, renchérit la source.
Après la décision prise par les instances étatiques, les regards se tournent maintenant vers l’issue de la plainte pour atteinte à la sûreté de l’État. L’enquête serait toujours en cours. Il pourrait être opportun d’élargir les investigations à d’éventuels actes de corruption, étant donné que les faits et les motifs du limogeage laissent entendre qu’il y a anguille sous roche.
Garry Fabrice Ranaivoson
Looza inona re tity mahazo ny firenentsika ity marina mafy!Aza hitako ka misy fiantraikany eo amin 'ny famamtsiam bola hatao ny amerikanina io!
RépondreSupprimer